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Bien-être animal : "Sur la castration" à vif des porcs, on pourra "avoir des solutions applicables d'ici un an ou deux"

Jean-François Vincent, secrétaire national à la Fnab (Fédération nationale d'agriculture biologique des régions de France), estime sur franceinfo qu'il est encore difficile de se passer de la castration sur les porcs, même en élevage bio. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des porcs dans un élevage en France.  (HELENE VALENZUELA / AFP)

Une enquête de 60 Millions de consommateurs pointe la filière porcine, où même en bio, les éléveurs restent réticent à renoncer à la castration à vif ou la caudectomie, l'ablation de la queue. "Une partie des cochons mâles serait immangeable si on ne les castrait pas", a répondu sur franceinfo jeudi 11 octobre Jean-François Vincent, secrétaire national à la Fnab (Fédération nationale d'agriculture biologique des régions de France) chargé des sujets viandes, et éleveur bio de porcs et de moutons dans le Cher.  Il reconnaît toutefois que "la question de la castration fait débat chez nous et c'est un problème auquel on essaye de trouver des solutions". 

franceinfo : Moins de 5% des animaux élevés le sont dans des conditions en adéquation avec leurs besoins naturels, et cela concerne aussi le bio. Comment expliquer ce chiffre ?

Jean-François Vincent : On ne peut pas dire vraiment que ça concerne aussi le bio, sauf pour le problème de la castration. Pour le reste en bio, ce sont des animaux qui sont soit en plein air, ou sur de la paille à 100% avec une surface très importante pour se mouvoir. La question de la castration fait débat chez nous et c'est un problème auquel on essaye de trouver des solutions. C'est une pratique traditionnelle qui est imposée pour avoir une bonne qualité de viande, ce n'est pas le signe d'un élevage intensif. Une partie des cochons mâles serait immangeable si on ne les castrait pas. Nous, on y travaille et on a différentes solutions, par exemple ne pas castrer du tout mais avec le risque d'une chair odorante qui est immangeable. Cependant, il y a des techniques qui permettent de réintroduire cette viande dans des filières de plats préparés. L'autre solution c'est de pratiquer l'anesthésie ou l'analgésie sur les petits cochons avant de les castrer. On a lancé des études dans toutes ces directions et pour nous le plus accessible, ce serait d'endormir les cochons, comme pour une opération.

Il y a la question de l'ablation de la queue, qui est interdite par l'Union européenne. C'est encore courant dans la filière bio également ?

Non, c'est interdit en bio également, comme c'est le cas pour le fait de couper les dents. Ce sont des pratiques qui sont appliquées systématiquement en agriculture conventionnelle, parce qu'ils vivent dans des espaces beaucoup plus serrés qu'en bio, ils ne peuvent pas laisser libre cours à leurs instincts alors qu'en bio, on est sur 2,5 m2 par cochon qui est complètement sur de la paille, il peut fouir avec son museau comme le fait un cochon dans la nature.

Quelles sont les pistes pour améliorer le bien-être animal dans le domaine de l'élevage ?

Sur la castration d'ici un an ou deux on pourra avoir des solutions applicables. La castration c'est le moyen pour nous d'avoir un élevage moins intensif, sur un rythme plus lent, pour avoir une viande de meilleure qualité. Pour nous, les ruminants sont obligés de pâturer et de sortir, c'est le cas pour les poules aussi. Il y a peu de points quand même où on se sent en faute. Et puis, c'est une grande part de notre boulot d'essayer de convaincre les collègues de passer en bio, mais aussi les pouvoirs publics pour que l'argent qui va à l'agriculture aille en priorité aux fermes qui s'occupent le mieux possible du bien-être animal. C'est un combat et on fait de la promotion du bio au jour le jour que ce soit avec les consommateurs, les citoyens ou les responsables politiques. Nous avons une vision sur le long terme. La société change et il faut que l'agriculture s'adapte notamment sur la castration, il faut qu'on soit capable de donner au consommateur la viande qu'il veut, quitte à produire moins mais en mangeant une viande de meilleure de qualité.

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