Agriculture : "Nous savons ce que nous devons à l'Europe et nous voulons l'améliorer", annonce la présidente de la FNSEA
La présidente par intérim de la FNSEA, Christiane Lambert, s'est une nouvelle fois exprimée contre une sortie de l'UE jeudi, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle.
Alors que le Conseil de l'agriculture française reçoit jeudi 30 mars, à Brest (Finistère), plusieurs candidats à la présidentielle française afin qu'ils expriment leur vision et leur projet dans ce domaine, la présidente par intérim de la FNSEA, Christiane Lambert, a expliqué sur franceinfo que la France ne devait pas se refermer sur elle-même. Selon elle, les agriculteurs savent ce qu'ils doivent à l'Europe et ne doivent pas être tentés par une sortie de l'Union Européenne.
franceinfo : Qu'attendez-vous des candidats ?
Nous attendons surtout qu'ils parlent de l'agriculture. Que ce soit lors de la primaire de la gauche ou lors de la primaire de la droite, l'agriculture a été absente. Nous voulons qu'ils annoncent des mesures concrètes. On constate que l'agriculture française dévie aujourd'hui, connaît des difficultés. D'autres agricultures européennes connaissent de meilleures situations, parce qu'il y a eu des décisions régaliennes, ces décisions que doit prendre un chef de l'État.
La FNSEA prendra-t-elle position pour ou contre un candidat ?
Non, mais nous incitons les agriculteurs à voter. Nous sommes une profession qui, par tradition, est assez citoyenne et participe beaucoup aux scrutins. Malheureusement, aujourd'hui c'est le mot "abstention" qui circule. Je pense que les agriculteurs vont voter, mais nous souhaitons qu'ils soient comme d'habitude, votant à plus de 60%.
Vous parlez de décisions européennes, l'Europe est quand même une ligne de fracture importante avec certains candidats, comme par exemple Marine Le Pen. Vous êtes en total désaccord avec elle sur l'Europe ?
Nous pensons que l'agriculture française a beaucoup hérité de l'Europe et a beaucoup gagné avec l'Europe. Depuis 2004 et l'élargissement profond vers l'Est, l'Union Européenne ne fonctionne plus de la même façon. Nous voulons une meilleure Europe, mais nous ne voulons pas sortir. Nous voyons aujourd'hui que certains de nos collègues agriculteurs anglais regrettent d'avoir été tentés par le Brexit. Nous, nous savons ce que nous devons à l'Europe, mais nous voulons l'améliorer, quitte à faire des fonctionnements à géométrie variable. Pourquoi ne pas prévoir des programmes sociaux ou environnementaux adoptés d'abord par 18 pays, puis plus ensuite ? Cela ressemble d'ailleurs beaucoup à ce qui s'est dit la semaine dernière à Rome.
Quand Marine Le Pen propose de "franciser" les aides à l'agriculture, ça ne vous paraît pas viable?
Non, ça ne nous paraît pas viable. Comme l'agriculture française est importante et très diversifiée, nous percevons de la part de l'Union européenne près de neuf milliards d'euros. C'est un tiers du budget de l'Éducation nationale. Pensez-vous que d'un coup de baguette magique, on va retrouver comme ça ces montants-là, pérennisés, tous les ans ? Nous ne le croyons pas. Et puis, l'Europe c'est aussi les exportations de l'agriculture française : du vin, du fromage, des fruits... Si nous nous nous refermons, les autres pays n'achèteront plus en France. Donc il ne faut pas se tromper de débat. Vous trouverez toujours des agriculteurs qui ont peur, qui ne sont pas contents de la situation actuelle. Marine Le Pen joue sur les peurs, dans l'agriculture comme dans d'autres secteurs. Elle avait sorti sa grande épuisette lundi dernier ( le 13 mars) au débat et venait à la pêche aux voix des agriculteurs, en les citant très souvent. Mais nous, nous regardons l'ensemble du programme, ses prises de position régulières et nous ne pensons pas que ce soit les bons choix.
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