Agriculture : des robots à la ferme pour semer, désherber et récolter tout seuls
A l'occasion des Journées nationales de l'agriculture ces 18, 19 et 20 juin 2021, visite d'une ferme high tech, dans les Yvelines, où des robots réduisent la pénibilité pour les agriculteurs.
Dans cette serre de la ferme Neofarm, à Saint-Nom-la-Bretèche, dans les Yvelines, un portique géant transporte des machines capables de désherber, de semer et de récolter les légumes, en toute autonomie. Un robot a ainsi été conçu pour ramasser seul les carottes. "Deux courroies viennent encadrer les fanes, décrit Mikael Arguedas, ingénieur robotique au sein de la start-up NeoFarm. Avec l'avancement d'un rouleau, les courroies vont délicatement venir tirer sur les fanes. Cela permet de faire remonter toutes les racines à hauteur d'homme, à hauteur de taille. Pas besoin de se baisser, d'être à quatre pattes."
Ces outils mécanisés viennent en aide aux maraîchers. A 42 ans, Enguerrand de Saint-Pry fait de l'agriculture conventionnelle depuis une dizaine d'années. Avec le temps, il sent qu'il "prend un peu d'âge. Intellectuellement, on a envie de progresser. Et physiquement, on a envie de changer et peut-être d'avoir un rythme moins soutenu."
La co-fondatrice de la start-up NeoFarm cherche à réduire le temps de travail et la pénibilité pour les agriculteurs maraîchers. "Aujourd'hui, les agriculteurs sont assez âgés", constate Alexia Rey. Selon elle, "dans les cinq prochaines années, la moitié vont partir à la retraite et ils ne seront pas forcément remplacés. Il faut vraiment rendre ce métier très attractif."
Mais l’idée des fondateurs va plus loin : le but est d’allier les bénéficies de l’agroécologie avec ceux de la technologie. Dans cette micro-ferme à taille humaine – entre 1 et 4 hectares, les maraîchers cultivent des légumes bio et locaux. Sans la technologie, le modèle serait trop coûteux. Les outils robotisés permettent d’avoir des rendements élevés sur de petites surfaces. Et tout cela dans le respect de la biodiversité. Autre avantage : ils fonctionnent à l’électricité, évitent l’utilisation d’intrants chimiques et ne tassent pas le sol, contrairement aux tracteurs agricoles. La technologie aide donc à la construction d’un modèle agricole durable et résilient, et a pour but de faire face au modèle de l’agriculture conventionnelle.
Des robots qui posent question
Mais ces robots ne convainquent pas tout le monde. Régine, venue découvrir la ferme, s'inquiète de l'emprise de ces technologies sur le métier d'agriculteur. "On va dire aux exploitants ce qu'il faut faire d'une certaine façon, estime cette ancienne ingénieure agronome. Et donc on aboutira à une forme d'aliénation, même si le terme est excessif. Une aliénation qu'on a beaucoup dénoncé dans l'industrie où des cadres imposent des tâches à faire sans tenir compte des aspects pratiques, concrets du travail."
Installer une ferme technologique coûte entre 800 000 et 2 millions d'euros. Dans les prochaines années, la start-up NeoFarm veut installer des dizaines de fermes en France.
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