"Quatorze heures de négociations pour ça" : pourquoi les discussions sur l'emploi des seniors se poursuivent entre les partenaires sociaux

Pour se donner une chance d'aboutir, les négociateurs ont convenu de se retrouver mardi matin. Ces discussions, qui durent depuis trois mois, portent sur des sujets comme les transitions ou l’usure professionnelles.
Article rédigé par franceinfo
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Un travailleur senior pose des dalles. Photo d'illustration. (PHILIPPE TURPIN / MAXPPP)

Les 14 heures de négociations lundi 8 avril n'auront pas suffi. Les partenaires sociaux se retrouvent encore mardi matin au siège du Medef pour essayer de conclure un "pacte de la vie au travail" censé, entre autres, améliorer le taux d'emploi des salariés seniors. La séance de lundi devait être conclusive mais le projet d'accord proposé par le patronat ne satisfait toujours pas les organisations syndicales, qui doivent recevoir une nouvelle version mardi matin.

D'autant qu'une nouvelle ligne rouge est apparue. C'est peut-être le point qui crispe désormais le plus les syndicats : selon le texte proposé par le patronat, un salarié qui souhaiterait se reconvertir serait considéré comme démissionnaire à l'issue de sa formation. Ce qui signifie qu'il n'aurait pas, notamment, d'indemnité de départ. Une mesure inimaginable pour Maxime Dumont, négociateur pour la CFTC : "On n'a plus du tout de parachute. C'est soit on démissionne ou on a rupture du contrat de travail ou on a suspension du contrat travail. Dans tous les cas, vous avez a minima une perte de rémunération et ça, ce n'est pas acceptable pour reconvertir les personnes."

L'idée d'un CDI senior, voulu par le Medef et la CPME, continue aussi de faire grincer des dents. Ce contrat qui pourrait être rompu dès que l'employé a tous ses trimestres pour une retraite à taux plein. "Les salariés ont tout intérêt à rester sur le droit d'aujourd'hui", estime même la CGT qui ne voit que des régressions dans ce que propose le patronat. 

"Le bilan n'est pas du tout satisfaisant", estime la CFDT

Le négociateur pour la CFDT Yvan Ricordeau ne voit lui qu'une seule petite avancée au bout de cette longue journée de lundi. La négociation sur l'emploi des séniors sera un thème obligatoire dans les entreprises de plus de 300 salariés. "C'est un petit signal pour dire qu'on a envie d'aller au bout, explique le négociateur pour la CFDT. C'est le seul gain qu'on a obtenu, 14 heures pour ça !" D’autant plus que cela ne concernerait qu'à peine 3% des entreprises. "Le bilan n'est donc pas du tout satisfaisant" pour Yvan Ricordeau, qui espère un accord à la fin de la journée.

L'issue de cette négociation est pourtant importante. S'il y a effectivement un accord entre syndicats et patronat, le gouvernement s'est engagé à le retranscrire dans la loi. Il s'agit un peu de la contrepartie du report de l'âge légal à la retraite. Les syndicats réclament des garanties du patronat, pour que les entreprises embauchent davantage de salariés âgés de plus de 50 ans ou, en tout cas, fassent davantage pour les garder plus longtemps.

Aujourd'hui, seulement un tiers des 60-64 ans est en emploi, soit douze points de moins que la moyenne européenne, bien loin des voisins et loin de l'objectif du gouvernement qui vise deux tiers de salariés de cette tranche d'âge en emploi d'ici 2030. L'exécutif qui attend aussi que cette négociation s'achève pour lancer une nouvelle réforme de l'assurance-chômage.

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