Assurance chômage : "Bruno Le Maire n'y connaît rien" et "met les choses à l'envers", dénonce François Hommeril, de la CFE-CGC

Le président de la CFE-CGC est cosignataire d’une tribune publiée lundi sur le site du journal Le Monde appelant le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme de l'assurance-chômage
Article rédigé par franceinfo
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François Hommeril, président de la CFE-CGC, invité de franceinfo le 17 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Bruno Le Maire met les choses à l'envers. Il pense que ce sont les chômeurs qui créent le chômage, là où tout le monde sait et a bien compris que c'est le chômage qui crée les chômeurs", a réagi lundi 18 mars sur franceinfo François Hommeril. Le président de la CFE-CGC est cosignataire, avec quatre autres centrales syndicales, d’une tribune publiée lundi sur le site du journal Le Monde appelant le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme de l'assurance chômage, estimant qu'il faut "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs". Sur France Inter lundi, le ministre de l'Économie s'est dit favorable à une réforme de la durée d'indemnisation des chômeurs. Il a plaidé pour une réforme sur "la durée" et pas sur "le montant de l'indemnisation".

"Des réformes pour des réformes"

François Hommeril dénonce la "volonté idéologique" du gouvernement de "faire des réformes pour des réformes" sans "jamais évaluer l'impact de ces réformes sur le terrain". Le président de la CFE-CGC estime que le gouvernement "méconnaît les études qui existent sur le sujet". "La question des dispositifs d'indemnisation est étudiée. Et il est prouvé que le niveau d'indemnisation est quasiment sans impact sur la motivation des chercheurs à retrouver un emploi."

François Hommeril précise que les études européennes "sont toutes concordantes" sur "l'aléa moral, le niveau de démotivation qui peut exister chez des gens qui recherchent un emploi en fonction du niveau de leur indemnisation". Selon le syndicaliste, cet aléa moral "est très faible en France, plutôt inférieur à la moyenne européenne, alors qu'en moyenne, en France, on est un peu mieux indemnisé que la moyenne européenne". Selon le patron de la CFE-CGC, "il est démontré que le niveau d'indemnisation est sans rapport avec le niveau de motivation et de facilité ou de difficulté à retrouver un emploi". François Hommeril reproche au ministre de l'Économie de gouverner "en fonction de ce qu'il a entendu le dimanche matin dans le bar dans lequel il a l'habitude d'aller boire un café".

Bruno Le Maire plaide pour une réforme sur "la durée" sans toucher au montant, alors que Gabriel Attal est favorable à un tour de vis également sur le montant de l'indemnisation. Ces nuances font dire à François Hommeril que le ministre de l'Économie "n'y connaît rien". "Il ne connaît pas mieux ça que la façon de calculer la surface d'un hectare." Le président de la CFE-CGC explique que "le niveau d'indemnisation est un niveau nécessaire pour conserver un niveau de vie suffisant pour pouvoir se consacrer à 100% à sa recherche d'emploi". Il rappelle que, "quand on doit consacrer 80% de son temps à chercher de quoi vivre au quotidien, on a beaucoup moins de temps pour chercher un emploi". Le syndicaliste plaide pour que "le niveau d'indemnités ait un rapport avec le niveau de revenu qu'on avait quand on était dans l'emploi".

"Bruno Le Maire méconnaît la vie réelle"

En ce qui concerne la durée d'indemnisation, "tout dépend de la qualification que l'on a et de la mobilité que l'on a", argumente François Hommeril. "Quand on se retrouve à la case chômage et quand on a un assez bon niveau de qualification, retrouver un emploi du même niveau de qualification, du niveau à peu près équivalent de rémunération dans le même périmètre, ce n'est pas si facile que ça."

Il juge enfin que Bruno Le Maire "méconnaît" la vie des chômeurs. "Ce n'est pas évident de traverser la France pour aller rechercher un emploi. Parce que souvent, on est en famille, on a un conjoint, il a un travail, ou alors on est séparé et on doit assumer la garde alternée des enfants." "Ça, c'est la vie réelle. Et cette vie réelle là, Bruno Le Maire la méconnaît", martèle François Hommeril.

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