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Plus de 30 salariés et anciens salariés de ALM Environnement, exposés à des produits cancérogènes, portent plainte

Ils estiment que leur société n’a pas suffisamment protégé leur santé et les a exposés à ces agents au-delà des valeurs limites d’exposition professionnelles autorisées par la réglementation.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme désamiante un immeuble, à Thionville (illustration). (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Plus de 30 salariés et anciens salariés d'une société d'analyses immobilières ont déposé une plainte contre X, pour "mise en danger de la vie d'autrui", révèle franceinfo lundi 28 octobre. Ils reprochent à leur entreprise, ALM Environnement, de les avoir exposés, dans le cadre professionnel, à taux élevés d'agents chimiques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.

Une société spécialisée en diagnostic amiante et plomb

ALM Environnement est spécialisée dans le diagnostic des biens immobiliers, notamment en matière d'amiante et de plomb. Les salariés et anciens salariés qui portent plainte estiment que leur société n’a pas suffisamment protégé leur santé et les a exposés à ces agents au-delà des valeurs limites d’exposition professionnelles autorisées par la réglementation.

"Ces produits chimiques étant particulièrement dangereux, cancérigènes et mutagènes, leur utilisation impose la mise en place d’installations spécifiques et l’instauration de nombreuses mesures préventives dont les salariés n’ont pas bénéficié", estiment les plaignants. Cette exposition a provoqué chez certains d’entre eux des atteintes hépatiques ou neurologiques et des difficultés lors de grossesses, affirment-ils.

Au départ, des maux de tête

Il y a deux ans, des laborantins d'ALM Environnement, qui préparent les échantillons issus des diagnostics de biens immobiliers et de chantiers de désamiantage, ont commencé à se plaindre de maux de tête auprès de leurs collègues. En avril dernier, leur directrice de laboratoire, juste avant de démissionner, a reconnu, affirment-ils, que les taux de chloroforme dans l’air avaient dépassé jusqu’à trente fois la norme autorisée et qu’elle le savait depuis quatre ans. Selon les éléments que les salariés ont découverts, les hottes qui devaient aspirer l’air du laboratoire n’étaient pas assez performantes.

Ilham Rajih, qui travaille toujours pour ALM, a fait plusieurs séjours à l’hôpital, notamment pour des hépatites. Elle explique que ses médecins ne comprenaient pas l'origine de sa maladie.

Ils ne cherchaient pas du côté du chloroforme. C’était très angoissant de ne pas savoir pourquoi vous êtes malade.

Ilham

à franceinfo

Ilham se dit aussi en colère, car elle a travaillé pendant sa grossesse, alors que le chloroforme est un facteur de risque de fausse couche ou de malformation. Aujourd'hui, son bébé de quelques mois va bien, mais elle estime qu'on a mis "la santé de [s]on bébé en danger". "Je suis en colère parce qu’elle m’a menti en me disant que c’était dans ma tête", tempête-t-elle. "On a quand même traité des personnes de folles parce qu’elles étaient malades et que l’on ne voulait pas les croire", regrette Elisa Heim, ex-chef d’équipe au laboratoire de Gentilly, qui a aujourd’hui quitté la société.

Les avocats François Lafforgue et Frédéric Benoist défendent respectivement 24 salariés et ex-salariés du laboratoire de Gentilly et six du laboratoire de Riorges dans la Loire. Deux plaintes ont été déposées auprès du procureur de la république du tribunal de grande instance de Paris et à Roanne. Chez ALM, des améliorations ont été apportées depuis avril dernier après l’annonce choc de la directrice de laboratoire, l’envoi d’un mail d’excuse et la découverte du pot aux roses pour la cinquantaine de salariés par laboratoire. Mais les plaignants se demandent si ces améliorations sont suffisantes et si la directrice de laboratoire était la seule au courant du problème. Ils espèrent qu’une enquête sera ouverte pour répondre à leurs questions.

La direction accuse la responsable des laboratoires mais n'a pas porté plainte

Le directeur marketing d'ALM Environnement, contacté par franceinfo, reconnaît le problème sanitaire. Mais selon lui, la direction générale n’avait pas été informée par la responsable des laboratoires qui a caché le taux élevé d’émanations de chloroforme. Après des analyses de la Direction du travail fin mars 2019, des travaux ont été entrepris pour changer les systèmes de filtres et de hotte. La direction n’a pas porté plainte contre la responsable des laboratoires.

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