Témoignages "On s'est sentis les boucs émissaires du monde agricole" : l'inquiétude grandit au sein de l'Office français de la biodiversité

L'OFB est dans la tourmente depuis le début de la mobilisation des agriculteurs.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des tracteurs bloquent l'autoroute A1 au niveau de Chevrières dans l'Oise, en affichant un message contre l'OFB, le 30 janvier 2024. ( MATTHIEU MIRVILLE / MAXPPP)

Des locaux de l'Office français de la biodiversité (OFB) ont une nouvelle fois été pris pour cible, vendredi 2 février. Du purin a été déversé et des murs de paille érigés devant une antenne de l'OFB à Mende en Lozère par une quarantaine d'agriculteurs de la Coordination rurale. Une semaine plus tôt, c'était le siège de l'Office français de la biodiversité à Carcassonne, dans l'Aude, qui avait été pris pour cible, samedi 27 janvier. Les agents de l'OFB, chargés de faire appliquer le code de l'Environnement, se disent désemparés face aux accusations de harcèlement et de contrôles incessants. Et ils dénoncent un "lâchage du gouvernement".

Des dégradations au siège de l'Office français de la biodiversité à Carcassonne dans l'Aude, le 27 janvier 2024. (BOYER CLAUDE / MAXPPP)

Des bâtiments aspergés de lisier, voire incendiés, des agents menacés ou pris pour cible personnellement, sans compter un Premier ministre aligné sur les revendications de la FNSEA. "Désormais, l'OFB sera sous la tutelle du préfet, a annoncé Gabriel Attal face aux agriculteurs, le vendredi 26 janvier. Est-ce qu'il faut vraiment venir armé quand on vient contrôler une haie ?"

Pour Guillaume Rulin, coordinateur syndical EFA-CGC, c'est inadmissible : "Ça a été une semaine compliquée et on s'est senti comme des boucs émissaires dans les problèmes du monde agricole. Clairement, la plupart des agents sont vraiment dans un soutien aujourd'hui du monde agricole et de se retrouver comme ça mis en défaut par notre propre administration, ça a été très très dur à vivre."

Au quotidien, les 3 000 agents de l'Office français de la biodiversité sont chargés de missions diverses : contrôle de la chasse et de la pêche, lutte contre le braconnage, gestion des ressources en eau ou encore développement de projet environnementaux. Et puis il y a évidemment ces contrôles dans les exploitations agricoles. 2 700 contrôles ont été effectués en 2023. Cela reste limité assure le Guillaume Rulin : "On a 400 000 exploitations, donc on a contrôlé à peine 0,75% des exploitations en France. Il y en a seulement 86 qui ont fait l'objet d'un rapport de manquement. Donc quand on parle de harcèlement et de pression des agents de l'OFB sur le monde agricole, on a été surpris."

L'OFB remis en cause

Ces contrôles sont aujourd'hui suspendus et les agents sont inquiets. Pour Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du syndicat national de l'environnement, c'est la raison d'être de l'OFB qui est en jeu : "Il y a danger, oui, physique pour les agents. Donc oui, il y a une peur, une inquiétude de savoir ce qu'on attend de nous. Parce que nous sommes des agents investis, très concernés par ce qui se passe au niveau de la dégradation de la biodiversité et de l'environnement en règle générale. Et aujourd'hui, on nous demande de lever le pied, de ne plus constater que des infractions ont lieu", se désole la syndicaliste.

Et pour elle, le soutien affiché jeudi par Christophe Béchu reste insuffisant. Le ministre de la Transition écologique prévoit une nouvelle réunion avec les agents de l'OFB la semaine prochaine pour tenter de les rassurer.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.