Colère des agriculteurs : dans l'entourage du Premier ministre, on vante la "méthode Attal", malgré quelques "désaccords"
Ils lèvent le camp. Des agriculteurs ont suivi le mot d'ordre de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, syndicats majoritaires, à lever les blocages après une série de concessions gouvernementales, mais certains veulent poursuivre le mouvement. Par endroits, les routes se sont dégagées dès jeudi 1er février, quand d'autres sont toujours bien en place.
Si la colère des agriculteurs semble en train de se calmer, dans la foulée d'une troisième salve d'annonces du premier ministre Gabriel Attal, Matignon s'est rapidement "félicité que la nouvelle phase de mobilisation soit une phase de dialogue". Mais en coulisses, certains n'hésitent pas à parler de victoire dans cette première crise affrontée par le nouveau Premier ministre. Si Matignon essaye d'avoir le triomphe modeste, autour de Gabriel Attal, la levée des blocages est bien vécue comme une réussite, surtout, de la "méthode" Attal, dont ses conseillers vantent les mérites : "Réactivité, dialogue, transparence : son ADN déjà à l'Education nationale et à Bercy", précise-t-on.
"Pas une épée de Damoclès au-dessus de notre tête"
Après trois salves d'annonces, trois semaines à son poste, embourbé dans une crise sans fin et "des dizaines d'heures" de réunions avec les organisations représentatives, c'est finalement avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, ces deux puissants syndicats, que Gabriel Attal a topé. Ils sont "des acteurs identifiés, le fil du dialogue n'a jamais été rompu", témoigne un proche.
En contrepartie de cette levée des blocages, les agriculteurs attendent de "premiers résultats" avant le Salon de l'agriculture, qui s'ouvre le 24 février, ainsi que des mesures européennes et l'adoption de la loi d'orientation agricole avant le mois de juin. Le président de la FNSEA, vendredi 2 février, l'assure d'ailleurs sur BFMTV - RMC : "ils remettront le couvert", si les mesures ne sont qu'un "feu de paille". "Le gouvernement s'est engagé à nous apporter un certain nombre de réponses, notamment avec un projet de loi. Dans ce projet de loi, on veut voir des choses sur l'installation, sur la transmission des exploitations. On veut y voir des choses sur la compétitivité de nos fermes parce que le prix est un sujet central (...) Et enfin, on veut y voir des choses sur la souveraineté alimentaire", a listé Arnaud Rousseau. "On se donne jusqu'au mois de juin pour avoir une loi en dur parce qu'on sait bien qu'une loi, ça ne peut pas se faire en quinze jours", a-t-il souligné.
"Ce n'est pas une épée de Damoclès au-dessus de notre tête", relativisait, jeudi, l'entourage du premier ministre, mais "plutôt une feuille de route". "D'ici là, les tracteurs rentrent dans leurs fermes", traduit un ministre de premier plan, ce qui est suffisant pour laisser l'impression d'une sortie de crise réussie et ainsi offrir une première médaille au tableau de chasse du nouveau Premier ministre.
"On ne franchit pas de ligne rouge"
Sauf que cette victoire politique a forcément un coût. D'abord, un coût pour les finances publiques : 400 millions d'euros, sans compter le remboursement partiel de la taxe sur le gazole non routier. Une hérésie à l'heure de la fin du "quoi qu'il en coûte" et alors même que Bruno Le Maire prépare, selon les informations de franceinfo, une nouvelle offensive médiatique sur le sujet. Pas du tout se défend l'exécutif, pour qui, c'est "non pas une dépense supplémentaire, mais un investissement sur l'avenir".
Et puis, il y a, aussi, un coût politique : la mise sur pause du plan Écophyto réveille la colère des associations écologistes et des ONG de défense du climat. "Au gouvernement, tout le monde n'était pas d'accord", grince un conseiller, au point d'accréditer l'idée que Gabriel Attal aurait fait cavalier seul un peu trop vite. Mais pour Matignon, "la direction est toujours la même" : pas question de remettre en cause l'importance de réduire drastiquement l'usage des pesticides. "On ne franchit pas de ligne rouge", assure un proche. Emmanuel Macron avait promis, avant de se faire réélire, que le quinquennat serait écologique ou ne serait pas.
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