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Opération anti-migrants à Mayotte : la France "pays des droits de l'Homme, s'attaque aux ménages les plus pauvres", dénonce l'association Droit au Logement

Alors que le gouvernement s’apprête à lancer à Mayotte l'opération "Wuambushu" pour endiguer la délinquance et l’immigration illégale à Mayotte, le DAL dénonce la "brutalité sociale" de cette opération et une "politique du logement excessivement brutale".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans le quartier Talus 2 de Majicavo à Mayotte, les habitants évacuent leurs logements concernés par la démolition, après parfois plusieurs décennies sur place. (SANDRINE ETOA ANDEGUE / RADIO FRANCE)

"La France va donner un spectacle terrible à la planète, celui d'un pays des droits de l'Homme qui va s'attaquer aux ménages les plus pauvres", dénonce lundi 24 avril sur franceinfo Jean-Baptiste Eyraud, président de l'association Droit au Logement, alors que le gouvernement s’apprête à lancer à Mayotte l'opération "Wuambushu" pour endiguer la délinquance et l’immigration illégale. Le DAL dénonce la "brutalité sociale" de cette opération, qui consiste à déloger des bidonvilles les migrants en situation irrégulière et d’expulser les sans-papiers. Pour le DAL, il s’agit d’une "politique du logement excessivement brutale". Elle renverra, selon Jean-Baptiste Eyraud "une image terrible", celle de "centaines de familles qui verront leur habitat être détruit et ne seront pas forcément hébergées [en raison de la] crise du logement très grave à Mayotte".

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Le président de l'association Droit au Logement rappelle qu'il y a eu "en métropole, des vagues migratoires très importantes dans les années 1950-1970" et que les habitants des bidonvilles ont été "relogés, on ne les a pas renvoyés à l’autre bout du monde". Jean-Baptiste Eyraud regrette que dans le cadre de cette opération "Wuambushu" trois questions soient "amalgamées", à savoir "la question de la migration, la question du logement et la question de la délinquance". "Il faut s’attaquer aux délinquants, or là on a l’impression que c’est une sanction de masse", lance-t-il.

Jean-Baptiste Eyraud appelle le gouvernement français à mettre en place "des politiques du logement", plutôt que "des politiques d'expulsion et de destruction de l'habitat des ménages les plus fragiles". Il pointe tout particulièrement du doigt la "loi d’exception votée en 2018 qui prévoit d’intervenir sur ces quartiers informels en Guyane et à Mayotte". Le président du DAL précise que cette loi donne la possibilité au "préfet d'expulser des personnes sans jugement, c’est-à-dire sur simple décision administrative", mais qu'il doit par ailleurs "afficher l’arrêté sur les portes de chaque logement et prévoir une solution de relogement, et ce un mois avant la destruction". Pour Jean-Baptiste Eyraud, cette loi "n'est pas respectée". "Il faut au minimum que le préfet et le gouvernement appliquent la loi qui a été votée en 2018, sous le gouvernement Macron", martèle-t-il.

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