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Comment la valeur du bitcoin a atteint plus de 10 000 dollars

La célèbre monnaie virtuelle a franchi, mercredi, pour la première fois, le seuil de 10 000 dollars après avoir vu sa valeur multipliée par dix en moins d'un an. Ce montant suscite un intérêt des investisseurs mais aussi un risque de bulle croissant.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La monnaie virtuelle bitcoin a franchi mercredi 29 novembre pour la première fois le seuil de 10 000 dollars après avoir vu sa valeur multipliée par dix en moins d'un an. (MAXPPP)

Le bitcoin continue sa folle ascension. La monnaie virtuelle a atteint, mercredi 29 novembre, la valeur de 10 000 dollars (environ 8 400 euros), un seuil jamais atteint depuis sa création en 2009. En moins d'un an, la valeur du bitcoin a été multipliée par dix. En janvier, la monnaie s'échangeait autour de 1 000 dollars avant d'atteindre 5 000 dollars mi-octobre et dépasser la barre symbolique de 10 000 dollars.

Sans existence physique, le bitcoin s'appuie sur un système de paiement de pair à pair basé sur la technologie dite "blockchain" ou "chaîne de blocs". Il s'échange sur des plateformes spécifiques sur internet et n'a pas de cours légal. Il n'est pas régi par une banque centrale ou un gouvernement mais par une vaste communauté d'internautes. Il est accepté dans un nombre grandissant de transactions (restaurants, immobilier, etc.).

Si cette monnaie cryptographique provoque de nombreuses critiques, notamment d'institutions financières telles les banques ou de gouvernements qui ne peuvent la contrôler, ses défenseurs assurent qu'elle offre une alternative sécurisée aux devises traditionnelles, euro ou dollar. Comment comprendre cet engouement ? Éléments de réponse.

La demande est plus grande que l'offre

Contrairement aux devises traditionnelles, la technologie du bitcoin ne permet pas la création infinie de monnaie. Une fraction de bitcoin est créée lorsqu'une transaction est validée. "En gros, à chaque transaction, 'la banque des bitcoins' doit rajouter cette transaction à la 'blockchain', créer un nouveau bloc, mais cette opération est complexe et difficile", explique Victoria Castro, journaliste pour Numérama, spécialiste des crypto-monnaies à franceinfo. Les personnes qui enregistrent ces transactions sont appelées des "mineurs" et se payent en bitcoins crées ex nihilo. Grâce à ce système, de nouveaux bitcoins sont émis de façon régulière mais leur nombre est limité.

Lors de sa création en 2009, le bitcoin a été programmé pour qu'il n'y ait jamais plus de 21 millions de bitcoins en circulation. Ce seuil devrait être atteint théoriquement en 2141.

Victoria Castro

à franceinfo

Pour le moment, "12 millions de bitcoins sont circulation" et nul ne peut dire quelle valeur atteindra le bitcoin lorsque cette limite sera atteinte, précise la BBC (en anglais). "Le bitcoin valait un dollar à sa création, lorsqu'il a atteint 100 dollars, on s'était déjà dit que ça serait le maximum. Puis il est passé à 500 dollars, 4 000 dollars et aujourd'hui 10 000, sans que personne n'ait pu le prévoir", témoigne la journaliste.

Par le mécanisme classique de l'offre et de la demande, le bitcoin a suscité par sa rareté, et sa valeur montante, une forte demande. "Le bitcoin a été médiatisé et a suscité les curiosités comme une marque, il fallait l'avoir de peur de passer à côté de quelque chose", ajoute Victoria Castro.

Selon un référendum du site Bitcoin.fr, cité par Les Echos, 46,8% des sondés – 618 personnes – estiment que le principal intérêt de cette monnaie est la nouveauté et seul un quart y voit un intérêt financier. En moyenne, les sondés ont investi 4 530 euros. Selon les données du site coinmarketcap.com, la capitalisation totale de la crypto-monnaie s'élève à 186 milliards de dollars mercredi 29 novembre. A titre indicatif, le groupe Coca-Cola est valorisé à 195 milliards de dollars, note l'AFP.

Des investisseurs s'y intéressent

Le bitcoin est passée en moins de dix ans de monnaie secrète à monnaie "classique", utilisée dans le secteur traditionnel de l'économie. "Le bitcoin a émergé dans des domaines fermés, plutôt anarchistes. Si l'on veut caricaturer, celui des hackers, décrit Victoria Castro. Ces personnes voulaient tester un 'monde parallèle' se défaire de la monnaie physique, c'était vu comme un engagement."

Puis, les utilisateurs ont progressivement vu que la structure du bitcoin permettait de faire des montages financiers et certains l'ont utilisé pour effectuer des transactions peu légales. "L'anonymat des devises a attiré des personnes qui souhaitaient acheter de la drogues, des armes, tout ce qu'on trouve dans le 'Dark Net'... C'était marginal, mais ça a joué dans la médiatisation de la monnaie", rappelle la journaliste.

Un nombre restreint mais croissant d'entreprises se sont ensuite emparées du bitcoin pour des transactions classiques. Des multinationales comme Microsoft ou Expedia et des petites entreprises ont commencé à l'utiliser. En avril, entre trois et six millions de personnes dans le monde utilisaient le bitcoin. "Aujourd'hui, ils sont probablement entre 10 et 20 millions, c'est une base d'utilisateurs qui se développe très rapidement", informe Garrick Hileman, professeur d'économie à l'université de Cambridge, cité par la BBC. Soit autant que la population des Pays-Bas ou du Chili.

Le cours du bitcoin a également grimpé en octobre, après que l'Américain CME (Chicago Mercantile Exchange) Group, l'un des plus importants opérateurs boursiers mondiaux, a annoncé le lancement prochain de contrats à terme dans cette monnaie. Beaucoup de ces nouveaux propriétaires de bitcoin ne l'utilisent pas pour acheter des choses. "La grande majorité des utilisateurs – je dirai entre 80% ou 90% – l'utilisent pour des raisons d'investissement", explique Garrick Hileman. D'où l'usage de plus en plus répandu de "crypto-asset" (actif crypté) plutôt que "crypto-monnaie".

C'est la plus connue des monnaies virtuelles

Depuis 2009, "plus d'un millier de crypto-monnaies" ont été créées, explique Victoria Castro. "Chaque monnaie possède ses propres intérêts technologiques, mais le bitcoin reste toujours la devise la plus connue." En 2015, la création de la monnaie Ethereum a suscité un véritable engouement. "Elle permet entre autres de gérer complètement ses transactions. Par exemple, si je veux commander un VTC via Uber, je peux m'assurer que seul le conducteur récolte la commission et non la plateforme."

La multiplication de ces monnaies virtuelles a ravivé l'intérêt du bitcoin. "Début 2017, le bitcoin représentait 80% du marché des crypto-monnaies, il est tombé à moins de 50% lorsque Ethereum a été médiatisé puis il est remonté", détaille Victoria Castro. Plus connu des investisseurs et du grand public, le bitcoin est remonté en flèche et représente aujourd'hui 60% du marché.

Cet engouement peut-il conduire à une bulle spéculative telle que la bulle Internet en 2000 ou plus loin, la bulle des jeux vidéos en 1983 ? "Ce n’est pas faux de parler bulle financière mais puisqu'il s'agit de monnaie virtuelle, ça me paraît peu crédible de la comparer à une bulle financière mondiale comme en 2007", assure Victoria Castro. Dans ces conditions, qui pourrait arrêter le bitcoin ? "Le vol par subtilisation de mots de passe" pourrait être fatal, envisage Eric Pichet, professeur d'économie sur le site The Conversation.

Une effraction dans le système de 'blockchain' entraînerait une inondation de faux bitcoins et donc un effondrement des cours.

Eric Pichet

sur le site The Conversation

Si certains analystes s'attendent à un retournement du cours de cette crypto-monnaie, ses partisans disent faire un pari sur le long terme et considèrent le lancement de contrats à terme en bitcoins par le Chicago Mercantile Exchange comme le prochain grand test.

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