Volkswagen : quand la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne militaient pour que les tests antipollution restent inefficaces
Selon des documents consultés par "The Guardian", les trois grands pays européens ont fait du lobbying, il y a quelques mois, pour que la nouvelle version des tests européens conserve certains défauts de la précédente.
Les dirigeants européens sont-ils sincères lorsqu'ils réclament une enquête sur l'affaire Volkswagen et les tests antipollution ? La question est posée après les révélations du Guardian (en anglais), jeudi 24 septembre, sur l'attitude de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne lors de l'élaboration des nouveaux tests antipollution européens.
Selon des documents consultés par le journal britannique, ces trois pays ont milité auprès de la Commission européenne, il y a quatre mois, pour que les failles d'un test conçu en 1970, le NEDC, soient conservées dans la nouvelle procédure, la World Light Vehicles Test Procedure (WLTP), qui doit être mise en place en 2017.
Les émissions réelles de CO2 sont 14% plus élevées
Le Royaume-Uni a par exemple demandé que les constructeurs soient toujours autorisés à charger en externe la batterie de leur véhicule avant le test. Un détail qui permet de ne pas se servir de l'alternateur, dont l'utilisation provoque des émissions supplémentaires. Londres a également insisté pour conserver l'ancienne méthode de simulation de l'inertie de la voiture (plus cette inertie est élevée, plus les émissions de CO2 sont importantes). Un test que les constructeurs contournent en optimisant le poids de la voiture pour qu'elle figure dans la catégorie inférieure, explique l'ONG à l'origine du scandale Volkswagen (en anglais).
De son côté, l'Allemagne a recommandé que les tests se fassent sur une piste en pente descendante et que les constructeurs puissent in fine déclarer des émissions inférieures à 4% à celles mesurées pendant le test. La France a soutenu l'ensemble des mesures demandées par ses voisins, à l'exception des 4%.
Au total, selon les calculs d'un think-tank écologiste, Transport and Environment, ces petits arrangements permettent aux voitures de valider leurs tests, alors qu'elles émettent, en conditions réelles, 14% de CO2 en plus. Une manière de fausser les résultats qui n'a rien à envier au logiciel utilisé par Volkswagen.
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