Nouvelle R5 électrique : "On ne voulait pas s'inscrire dans une vague vintage, mais plutôt de 'rétro futurisme'", confie l'une des responsables du design de Renault
"Iconique", "irrévérencieuse" et "inattendue" : Paula Fabregat, directrice du design de la nouvelle Renault 5 E-Tech 100% électrique, est revenue sur franceinfo sur le travail mené par Renault pour réinventer sa fameuse voiture. Elle revient sur la "réinvention" d'une voiture aussi culte que la R5 pour les Français, considérée comme l'un des véhicules les plus vendus en France. Un projet mené sur les chapeaux de roues : en moins de trois ans, seulement.
franceinfo :
Comment réinvente-t-on une voiture aussi célèbre que la Renault 5, 30 ans après la fin de sa dernière commercialisation ?Paula Fabregat : En réalité, nous sommes partis non pas sur le modèle iconique Renault 5 - produite de 1972 à 1984, ndlr -, mais sur un exercice de réinterprétation des trois véhicules restés dans la mémoire collective : la Renault 5, la Supercinq, et la R5 Turbo. On ne voulait pas s'inscrire dans une vague "vintage", on parle plutôt de "rétro futurisme" grâce à cette réinterprétation. C’est une voiture iconique, très populaire, émotionnelle : elle s'est vendue à plus de 9 millions d'exemplaires sur les cinq continents. Avec la nouvelle R5, on souhaite ainsi populariser l'électrification, avec un design fort qui ne laisse personne indifférent. Mais, je parlerai surtout de son côté humanisé, avec son caractère presque irrévérent, qu'on trouvait déjà à l'époque. C'est un exercice de réinterprétation qui était extrêmement intéressant pour nous, car on voit une voiture qui sort du lot avec un design qui s'éloigne presque des codes automobiles et qui sera immédiatement reconnaissable... Avec tous ces ingrédients, je pense qu'on a une voiture qui va faire tourner la tête à tous.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières sur ce projet ?
De manière globale, je ne parle pas de difficultés, mais plutôt de défis. La première condition a été d'amener le concept, présenté en 2021, à la production industrielle. On a donc exactement les mêmes véhicules. Or, pour cela, nous avons créé une nouvelle plateforme électrique qui devait respecter les proportions idéales du prototype. Une autre condition importante, c'était le planning le plus réduit possible. On a fait cette voiture en moins de trois ans ! On n'a jamais fait ça aussi rapidement, tout en conservant un prix juste et accessible. Ensuite, nous avons surtout travaillé sur l'aérodynamisme de cette voiture électrique aux formes carrées. Ce sont des formes antagonistes à la performance aérodynamiques. Nous avons dû apporter des réponses, tout en conservant l'esprit de la voiture iconique. L'une des réponses se trouve dans les feux arrière, par exemple : ces pièces présentent ainsi un design riche, qui accentue la rondeur grâce aux lignes horizontales. La lame verticale, qui renferme les feux de position, permet de coller l'air à la carrosserie et on gagne à peu près six kilomètres d'autonomie grâce à cet exercice de design. On a également les becquets, par exemple, qui peuvent faire gagner huit kilomètres d'autonomie, ou encore le nouveau design des jantes, avec qui on a pu gagner huit kilomètres. On a vraiment joué avec tous les détails pour garder cet esprit de voiture carrée, mais en performant en termes d'aérodynamique.
Quel est l’élément de design le plus marquant de cette nouvelle R5, selon vous ?
Il faut d'abord penser aux proportions : nous avons gardé cet esprit de petite voiture carrée, mais avec des proportions contemporaines. On parle bien ici de voiture citadine, et, en particulier, de compact électrique de moins de quatre mètres. Il faut savoir que si vous demandez à quelqu'un de vous décrire en voiture, normalement, il va vous décrire les détails, plutôt que la carrosserie. Et parmi ces détails, il y a notamment les "yeux" de la R5 : des phares malicieux, un véritable regard. A l’intérieur, on a gardé cet esprit-là. Nous voulions avoir une voiture extrêmement accueillante, même si l’on parle de voiture citadine. Et il y a ces accessoires qu'on n'a pas l'habitude de proposer... comme le porte-baguette !
Comme on parle d'une voiture "Made in France", on a introduit un porte-baguette en osier, un matériau qu'on utilise jamais dans les voitures, un petit panier qui s'accroche à la console et qui peut accueillir une baguette de pain ou un bouquet de fleurs.
Paula Fabregatà franceinfo
Cela montre le savoir-faire français, la tradition française, réalisé avec une femme artisan du Sud de la France, avec ce côté irrévencieux, inattendu.
Quelles sont les prochaines voitures à "réinterpréter" ?
Aujourd'hui, Renault parle de trois voitures iconiques, qui sont des identifiants de la marque : la R5, la R4 et la Twingo. Ces trois voitures, on va les traiter de manière différente et avec une personnalité propre à elles, sans partager les identifiants de la marque : dans la face arrière, par exemple, de la R5 ou de la R4, on va découvrir que le logo de Renault a disparu et qu'on intègre leur propre logo. Enfin, la R5 a beaucoup de facettes. Elle peut être très chic, comme vous allez bientôt le voir via les partenariats à venir, mais aussi très pop et très sport. Nous travaillons déjà pour vous présenter d'autres versions de cette voiture, qui à une connotation sportive. C'est une voiture très prometteuse.
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