Baril de pétrole, transport, taxes… De quoi se compose le prix d'un plein de carburant ?
Les différentes taxes représentent près de 60% de la facture. Les marges de la distribution sont moins élevées qu'ailleurs en Europe en raison de la guerre des prix entre hypermarchés, qui en font un prix d'appel.
Les prix à la pompe s'envolent et les politiques s'affolent. Comment faire baisser la facture des automobilistes ? Sur quel levier jouer ? Avant d'identifier des solutions, il faut commencer par savoir comment se décompose le prix d'un plein de carburant. Voici, à titre d'exemple, comment se répartissent les 67 euros d'un plein de sans-plomb (SP95) vous permettant de rouler à bord, par exemple, d'une Peugeot 208, la voiture neuve la plus vendue en France sur les six premiers mois de 2021, selon L'Argus.
1Sur 67 euros de plein, près de 40 euros de taxes
Première chose à savoir : près de 60% du prix est composé de taxes, comme le montre le graphique ci-dessous établi à partir des données de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). Lorsque vous payez 67 euros pour remplir votre réservoir d'essence sans-plomb 95, vous versez donc à l'Etat 39 euros de taxes (soit 58,2% du prix).
En vert sur le graphique, la plus importante de ces taxes s'appelle la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Elle représente quasiment 28 euros (27,87 euros) de l'addition. Et elle est extrêmement précieuse pour le budget français : la TICPE constitue en effet la quatrième recette de l'Etat après la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés, précise la fondation Connaissance des énergies.
Petite curiosité : son montant varie en fonction du type de carburant. La TICPE "est fixée par produit en fonction de leur usage (carburants ou combustibles), explique le ministère des Finances. La détermination de son taux est votée chaque année en loi de finances."
Historiquement, les gouvernements successifs ont appliqué une taxe plus incitative pour le diesel que pour l'essence. Mais à partir de 2015, l'exécutif a choisi de faire progressivement converger ces deux fiscalités. A cette TICPE, il faut ajouter la TVA, qui a la particularité, pour les carburants, de s'appliquer à la fois au prix hors taxes de notre plein (en violet), mais aussi au montant de la TICPE (en jaune), explique l'Ufip.
2Autour de 22 euros de carburant
Un tiers de la facture équivaut au prix du carburant en sortie de raffinerie. Soit un montant de 22 euros sur les 67 euros déboursés pour votre sans-plomb 95.
De quoi dépend le prix du carburant à ce moment-là, avant qu'il ne soit distribué dans les stations-service ? Des coûts techniques de production, mais aussi des cours du pétrole brut sur les marchés internationaux, qui varient en fonction de l'offre et de la demande, détaille encore le site Connaissance des énergies. Or, ces cours du baril de pétrole ont nettement rebondi cet automne sous l'effet de la reprise économique mondiale et de l'offre toujours limitée de certains pays producteurs. Et cette hausse explique largement la flambée des prix à la pompe.
Mais il faut également prendre en compte le coût du raffinage, c'est-à-dire la transformation du pétrole brut en carburant adapté à votre véhicule. "Les coûts du raffinage dépendent principalement de la demande des consommateurs et des capacités des raffineurs à répondre à cette demande", expose encore le site Connaissance des énergies. "Par exemple, l'augmentation de la demande de certains distillats ou l'évolution des spécifications techniques de certains produits peut aboutir à une hausse du coût de raffinage (...) En mai 2018, le coût du raffinage constituait 4,6% du prix à la pompe de l'essence SP95 et 5,5% de celui du gazole."
3De 6 à 7 euros pour le transport et la distribution
Restent les frais de transport et de distribution, qui représentent, selon l'Ufip, 8,9% du prix de l'essence SP95, et 10,3% de celui du gazole. Soit, pour un plein de 67 euros, respectivement 6 euros pour le sans-plomb et 6,90 euros pour le gazole.
Une fois raffiné, le carburant doit en effet être transporté jusqu'à l'un des 203 dépôts de stockage présents en France hexagonale et en Corse, puis dans les cuves des quelque 10 000 stations-service, dont plus de la moitié appartiennent à la grande distribution.
Comme les hypermarchés français se livrent à une guerre des prix sur le carburant, dont ils font un produit d'appel, les coûts de transport-distribution sont plutôt moins élevés que dans d'autres pays européens comme l'Italie ou les Pays-Bas, où la situation est moins concurrentielle.
Le président des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a d'ailleurs affirmé lundi 18 octobre sur RTL que ses magasins "n'avaient qu'un ou deux centimes [de marge] sous le pied". "J'ai voulu le souligner en disant : on vend sans marge jusqu'à la fin du mois. Et donc, si ça continue d'augmenter, la marge de manœuvre, elle n'est pas chez nous, elle est chez vous [le gouvernement]", a lancé le médiatique patron, en faisant allusion aux taxes perçues par l'Etat sur chaque litre de carburant vendu.
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