Carlos Ghosn règle ses comptes avec Bruno Le Maire : "Le coup de poignard mortel a été porté par le gouvernement français"
Réfugié à Beyrouth depuis la fin décembre 2019, l'ancien patron de Renault-Nissan revient dans un entretien au "Parisien" sur son évasion du Japon, et prend pour cible Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
Un peu plus de deux ans après son évasion du Japon, Carlos Ghosn règle ses comptes. Le patron déchu de Renault-Nissan est réfugié à Beyrouth depuis la fin décembre 2019, depuis qu'il a fui la justice japonaise dans des conditions rocambolesques, dont la fameuse histoire de la malle où il s'était caché pour franchir les contrôles des aéroports.
"C’était une opération très risquée", raconte samedi dans Le Parisien (article réservé aux abonnés) Carlos Ghosn à propos de son évasion du Japon le 29 décembre 2019, où il était inculpé et assigné à résidence pour des accusations de détournement de fonds du groupe Nissan et des dissimulations de revenus. "J’étais tellement outré de la façon dont j’étais traité qu’il n’y avait pas de place pour la crainte", déclare-t-il alors qu'il s'est enfui en se cachant dans une malle pour sortir du pays par voie aérienne.
S'il vante "des côtés remarquables" du Japon, il parle aussi de "côtés très sombres", dont la "face la plus noire reste son système judiciaire". "C’est un système exceptionnel qui vous pousse au suicide, mais qui vous retient au dernier moment. On vous maintient toujours entre les deux. Tout est fait de façon à vous désespérer, mais à empêcher que vous ne passiez à l’acte. C’est horrible", a-t-il témoigné auprès du Parisien.
Les circonstances précises de son évasion, les résultats «minables» de Renault, le «lâchage» de Bruno Le Maire...
— Le Parisien (@le_Parisien) February 13, 2022
Carlos Ghosn, l’ex-patron de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, se confie sans filtre ⤵https://t.co/sYck1yGydN
"Nous saurons pourquoi la France m'a lâché"
L'ancien grand patron confie également avoir un homme dans le collimateur : Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie. Il "est celui qui s'est manifesté de la manière la plus hostile" "qui a ordonné le contrôle fiscal" et qui a dit "on abandonne Carlos Ghosn".
Une trahison pour l'ancien patron de Renault. "Le 1er coup de poignard est venu des Japonais, mais le coup de poignard mortel a été porté par le gouvernement français", lâche Carlos Ghosn, qui assure que "les langues vont se délier avec le temps et nous saurons pourquoi la France m'a lâché". Selon lui, "on a flingué la méritocratie". Dans l'interview, accordée jeudi et vendredi depuis Beyrouth, au Liban, il répète que "pas un sou n’a manqué à l’État français, toutes les déclarations ont été faites dans les normes."
L'ancien patron de l'Alliance Renault-Nissan n'a pas de mots plus tendres pour son ancien groupe : "Renault n'est plus que l'ombre de lui-même", "tenu en laisse" par Bruno Le Maire qui lui a accordé un prêt garanti par l'Etat.
Enfin, Carlos Ghosn dit ne pas regretter sa fuite : "J’ai pris la bonne décision. Moi j’en aurais eu pour quinze ans à attendre. Je serai arrivé à 80 ans, meurtri, fauché, sans plus personne. C’est complètement atroce. Et impardonnable", exprime-t-il, regrettant de ne pas pouvoir rentrer en France pour le moment. "Bien sûr que le jour où je pourrai, j’irai en France. Je suis français, je n’ai pas fait une croix sur la France", confie-t-il.
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