Arrestation de Carlos Ghosn : "Nous allons de nouveau saisir" les Nations unies pour dénoncer "une justice de l'otage", annonce son avocat
Me François Zimeray dénonce la nouvelle arrestation au Japon de l'ancien patron de Renault, qui "n'est pas nécessaire" selon lui.
L'avocat de la famille de Carlos Ghosn, Me François Zimeray, a annoncé jeudi 4 avril sur franceinfo qu'il allait de "nouveau saisir le groupe de travail sur la détention arbitraire auprès du haut-commissaire des droits de l'Homme à Genève aux Nations unies" après la nouvelle arrestation de Carlos Ghosn au Japon, pour des soupçons de malversations financières. Il dénonce une détention qui "n'est pas nécessaire" dans des conditions "moyenâgeuses".
Selon Me Zimeray, "il y a une volonté vexatoire personnelle de le faire craquer" pointant ainsi une "justice de l'otage". Pour lui, "cette détention n'était pas nécessaire quand vous avez quelqu'un qui est à la disposition de la justice".
franceinfo : Carlos Ghosn a-t-il accordé un entretien à TF1 ce jeudi matin parce qu'il savait qu'il allait être arrêté ?
Me François Zimeray : La conférence de presse n'a pas été montée hier. Cela fait longtemps que Carlos Ghosn voulait s'expliquer, voulait répondre aux accusations qui sont distillées contre lui depuis son arrestation le 19 novembre. Il a fait 108 jours de détention. Comme cela a été dit, chaque semaine, des informations à charge ont été distillées par le parquet de façon totalement unilatérale et déloyale, sans qu'il puisse répondre, de façon à enraciner dans l'esprit une culpabilité évidente. Je peux témoigner que cette conférence de presse était prévue depuis longtemps et que la date était fixée depuis plusieurs jours.
Vous attendiez-vous à cette nouvelle arrestation ?
Non, c'est une surprise. Il ne pouvait pas penser une chose pareille. Il se dit innocent, il proclame son innocence et il est impatient de montrer en quoi et pourquoi ces accusations ne sont pas exactes. Ce droit fondamental lui a été dénié jusqu'à présent. L'arrestation et la nouvelle détention ne sont pas nécessaires. Il est à la disposition de la justice. Il a répondu pendant des mois à des interrogatoires de plusieurs heures par jour dans des conditions que les associations de défense des droits de l'Homme, les ONG dénoncent comme une justice de l'otage, que l'ONU a déjà condamnées et recondamnera à nouveau. Des conditions qui sont totalement moyenâgeuses. Moi qui connais bien les prisons du monde, je dois dire que la plongée carcérale et pénitentiaire japonaise est quelque chose d'édifiant.
Selon vous cette arrestation n'est pas fondée ?
Cette détention n'était pas nécessaire quand vous avez quelqu'un qui est à la disposition de la justice, dont les communications sont filtrées, dont les caméras surveillent les accès de l'appartement, dont les passeports sont confisqués. Pourquoi l'arrêter pour l'interroger ? Vous ne l'avez pas interrogé là-dessus pendant 108 jours et maintenant vous voulez l'interroger ? Vous n'êtes pas obligés de le détenir. Il y a une volonté vexatoire personnelle de le faire craquer. Tout va être fait pour qu'il ne soit pas déplacé en détention. Moi, je m'occupe du volet droits de l'Homme. Nous allons de nouveau saisir le groupe de travail sur la détention arbitraire auprès du haut-commissaire des droits de l'Homme à Genève aux Nations unies. Ce groupe de travail avait déjà rendu un avis cinglant contre la procédure japonaise qu'il qualifiait comme justice de l'otage.
Que dit Carlos Ghosn sur le fond de l'affaire ?
Il se dit innocent. Ce qui m'a frappé, c'est la sérénité qui l'habite quand on parle du fond du dossier. Sur tous les sujets, il a des éléments de réponses et il est surtout impatient de pouvoir rétablir la vérité.
Carlos Ghosn a lancé un appel à la France. Pensez-vous qu'il sera entendu ?
Le corps social français dans son ensemble devrait se souvenir qu'on a un homme qui est présumé innocent. Un présumé innocent, c'est un innocent. Ce sont des principes fondamentaux qui valent pour lui comme chacun d'entre nous. Ces principes, il faut les défendre.
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