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Cinq preuves que le tourisme de masse est une plaie

Selfies qui mettent des animaux sauvages en danger, pollution, villes invivables qui se vident… Franceinfo liste cinq nuisances du tourisme de masse.

Article rédigé par franceinfo
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Une banderole dénonçant l'exode forcé des Vénitiens face au tourisme de masse, déployée sur le pont du Rialto, le 12 novembre 2016, à Venise (Italie). (MANUEL SILVESTRI / REUTERS)

Bénédiction ou malédiction ? Le tourisme de masse est une importante manne financière dans certaines régions du monde. Une arrivée d'argent qui bénéficie à toute l'économie locale. Mais il y a un revers à cette médaille.

Des militants écologistes ont tiré l'alarme, mercredi 4 octobre. Ils signalent que de plus en plus de touristes se prennent photo avec des animaux sauvages et que cette pratique met en danger des espèces de la forêt amazonienne. Franceinfo liste cinq nuisances du tourisme de masse.   

1Il met des animaux sauvages en danger

Un rapport de l'ONG World Animal Protection a constaté une augmentation de 292% du nombre de selfies avec des animaux sauvages publiés sur Instagram ces trois dernières années.

Selon l'organisation, plus de 40% des clichés analysés montrent des personnes "se comportant de façon inappropriée avec les animaux". Elle explique que nombre de ces selfies sont en fait des mises en scène avec des animaux capturés et traités avec cruauté pour des poses avec des touristes qui ignorent tout de ces méfaits. "A l'abri des regards, ces animaux sont souvent frappés pour être soumis, séparés de leurs mères ou de leurs enfants et maintenus secrètement en captivité", affirme l'ONG.

Cette pratique est répandue dans la région amazonienne. Par exemple, dans la ville brésilienne de Manaus, 18 agences de tourisme mentionnées dans le rapport offrent la possibilité de "toucher des animaux et prendre des photos avec eux" dans 94% de leurs excursions, écrit l'ONG. "Nous avons des raisons de croire que la plupart ne survivent pas plus de six mois à ces maltraitances", condamne l'association.

2Il pollue la planète

Un paquebot de croisière, lorsqu'il fait escale dans le port d'un lieu touristique, pollue autant qu'un million de voitures, a affirmé, en 2015, une étude de la fédération France nature environnement (FNE). En effet, même à quai, les moteurs des navires continuent de tourner pour alimenter en électricité les cuisines, les restaurants, les salles de loisirs ou l'air conditionné. "Le fioul lourd des navires est très polluant et possède une teneur en soufre plus de 3 500 fois supérieure à celle du diesel des voitures", a indiqué Adrien Brunetti, chargé de mission santé au sein de FNE.

Mais les paquebots ne sont pas les seuls concernés. Prendre l'avion est également très polluant. "Un avion rejette en moyenne 360 g équivalents CO2 lors d’un déplacement d’un kilomètre, contre 150 g pour une voiture et 11 g pour un train", explique Géo. Le magazine rapporte que Jean-Marc Jancovici, ingénieur conseil en énergie-climat, recommande de ne pas prendre l’avion plus d’une fois par an pour ne pas dépasser le "droit maximal à émettre du CO2 sur une année".

3Il rend les villes invivables

Le tourisme représente la première source de revenus de la Croatie. Certaines villes, comme Dubrovnik, attirent beaucoup de monde. Peut-être même trop. En plein mois d'août, c'est la foire d'empoigne pour entrer dans la vieille ville, comme l'a montré France 2. "C'est la jungle, il n'y a aucune loi", lance un habitant.

Le maire de Dubrovnik souhaite limiter la visite de la ville à quelques heures, car l'Unesco a menacé de retirer la mention "patrimoine mondial de l’humanité" à la cité.

A Florence, en Italie, le maire a demandé aux employés municiaux d'arroser les parvis des églises et les trottoirs devant certains monuments à l'heure du déjeuner. Objectif : dissuader les touristes de s'y installer pour avaler leur repas et minimiser les déchets à ces endroits stratégiques.

4Il vide certains quartiers de leurs habitants

Dans les grandes villes touristiques, les logements transformés en locations meublées saisonnières pour touristes ne cessent de se multiplier. Paris est ainsi pour Airbnb l'un des premiers marchés du monde avec 65 000 logements revendiqués. Mais de nombreuses autres plateformes proposent des locations.

Dans la capitale, ce type de location est un "phénomène galopant" et "on approche les 100 000 annonces toutes plateformes confondues", s'alarme Ian Brossat, adjoint au logement de la maire de Paris, Anne Hidalgo. La mairie de Paris estime que 20 000 logements ont ainsi été perdus en cinq ans, notamment dans le centre historique, en particulier à cause de l'essor de ces meublés touristiques. Ce phénomène contribue "à une augmentation des prix" et à "une baisse de la population", dénonce Ian Brossat.

Paris, comme Berlin, Londres ou Amsterdam, multiplie les initiatives pour lutter contre ces locations meublées touristiques qui se développent au détriment du secteur hôtelier, favorisent la spéculation immobilière et vident certains quartiers de leurs habitants, explique Télérama. Depuis 2016, Berlin n'autorise la location que d'une seule pièce de son logement, et de tout le logement uniquement si celui-ci est un pied-à-terre. Barcelone a choisi la voie la plus sévère et imposé en 2016 une amende de 600 000 euros aux plateformes Airbnb et HomeAway, en les accusant de louer des appartements sans la licence touristique exigée par la ville.



5Il menace des sites naturels et historiques

Avec ses eaux turquoise, ses plages de sable blanc et ses coraux multicolores, l'archipel de Raja Ampat attire des visiteurs du monde entier. Mais ce coin de paradis perdu en Indonésie est menacé par le tourisme de masse.

Ce chapelet de 1 500 îles, entre océans Indien et Pacifique, est une destination prisée des amateurs de plongée sous-marine, car il abrite 1 400 espèces de poissons et 600 variétés de coraux, soit l'une des plus grandes biodiversités marines de la planète.

Difficile d'accès, l'archipel compte pour le moment un nombre limité d'hôtels et de bungalows. Mais le gouvernement indonésien veut en faire un nouveau Bali. Pour attirer davantage de visiteurs, les autorités veulent notamment accroître les liaisons aériennes et aménager un plus grand port pouvant accueillir des paquebots. Et les habitants s'inquiètent pour leur environnement et leurs fragiles récifs coralliens.

Venise, l'île de Pâques, les temples d'Angkor, les Galapagos, les Maldives, Petra, les pyramides d'Egypte, le Machu Picchu, l'Everest, le Kilimandjaro ou le Mont Blanc... L'Organisation mondiale du tourisme s'inquiète de la menace que représente le flux incessant de visiteurs pour la préservation des grands sites touristiques internationaux, rapporte L'Obs dans un diaporama.

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