Comment chacun évite ses congénères dans les transports
Une sociologue américaine a décrypté les petites techniques que les voyageurs cultivent pour éviter d'avoir un voisin dans les transports en commun.
SCIENCES - Un sac négligemment posé sur le siège voisin, les jambes allongées, et plus personne ne peut s'asseoir dans le périmètre. Une sociologue américaine de l'université Yale (Connecticut), Esther Kim, a parcouru dans les bus Greyhound le continent nord-américain entre 2009 et 2011. Elle a relevé scrupuleusement toutes les petites méthodes d'évitement déployées par les usagers pour faire en sorte qu'un nouveau passager aille s'asseoir ailleurs et publié le résultat dans le journal Symbolic Interaction, relate vendredi 10 août Le Figaro.
En plus d'étendre ses jambes en s'appuyant sur la fenêtre, ou de poser ses affaires sur le siège adjacent, les voyageurs évitent de lever les yeux, ce qui, selon la sociologue, pourrait inciter à s'asseoir. "Afin d'éviter ce contact visuel, ils choisissent, suivant les cas, de regarder leur téléphone, de fouiller dans leur sac, de regarder au loin par la fenêtre, de mettre leurs écouteurs ou de faire semblant de dormir", écrit encore le journal. "Dans le pire des cas, si la personne vient leur demander si elle peut prendre la place libre, les gens en arrivent à mentir en disant la réserver pour un ami qui ne viendra jamais".
Une peur de l'étranger
Esther Kim note que venir s'asseoir à côté de quelqu'un alors qu'il y a des sièges libres fera passer le passager pour "bizarre". "Mais cette règle change lorsqu'on sait à l'avance que le nombre de passagers va être important et que tous les sièges seront occupés. Dans ce cas, les gens cherchent à s'installer à côté de la personne qui leur semble la plus 'normale' : celle qui s'habille avec soin, sent bon, et qui n'a pas l'air d'avoir envie de discuter". D'après la chercheuse, ces comportements pourraient s'expliquer par la peur de l'étranger, mais aussi par la nécessité de partager des moments personnels, comme manger, dormir, faire ses besoins, ce qui entraînerait un besoin de se préserver un espace de liberté le plus important possible.
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