Deauville : rencontre avec Michael Douglas
Il a connu des hauts et des bas, la maladie, l'emprisonnement de son fils. Aujourd'hui, il revit au cinéma, éblouissant d'audace dans la peau de Liberace. Rencontre à Deauville.
Bonsoir Michael Douglas. Merci d'être avec nous à Deauville. Votre relation avec la France est particulière ? C'est une jolie histoire d'amour.
Michael Douglas : On peut dire ça, en particulier avec Deauville. C'est un geste généreux que la France a eu envers moi. C'est un peu comme notre cadeau avec la statue de la Liberté, un festival pour le film américain ici. C'est la 4e fois que je viens à Deauville. J'adore la France.
Laurent Delahousse : On rend hommage à qui selon vous ? Au producteur de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", à l'acteur des "Rues de San Francisco" ou de "WaIl Street", à l'amant de Sharon Stone, à tous ces personnages.
M.D. : C'est un très bon résume, mais je pense que pour ce festival, c'est pour le film "Ma vie avec Liberace".
L.D. : Vous avez dû attendre pour faire ce film, a cause de la maladie. Il y a 3 ans, vous annonciez publiquement votre cancer. Quand on aime les gens, on leur demande des nouvelles. Vous allez bien aujourd'hui.
M.D. : Oui, très bien. Je suis libéré de mon cancer. Je suis content.
L.D. : Avant de vous retrouver, on fait un retour sur votre destin.
Le regard de Michael Douglas est lumineux, comme apaise, saluant le public qui l'ovationne. Michael Douglas fait partie des stars populaires. On loue leurs performances et on regrette leurs déboires intimes. Pour ce fils d'un monstre d'Hollywood, tout n'a pas été simple.
Ça a été difficile au début, car on attendait que je sois le petit Kirk.
Le grand Kirk ne voulait pas qu'il fasse ce métier.
Jamais, car je crois que c'est une vie dure.
L'acteur devient célèbre avec la série "Les Rues de San Francisco". Mais c'est comme producteur qu'il se distingue à 30 ans, avec "Vol au-dessus d'un nid de coucou" qui rafle 5 Oscars. Il ne cessera d'alterner films engagés, "Le Syndrôme chinois", ou commerciaux "A la poursuite du diamant vert", "The Game", etc. Dans "WaIl Street", il incarne un requin de la finance. Le rôle lui vaut l'Oscar du Meilleur acteur.
Certains m'accusent de voracité. Eh bien la voracité., je dirais plutôt la faim, est utile, bonne, c'est un moteur.
Il accumule des succès planétaires avec des thrillers érotiques, "Basic lnstinct" ou "Liaison fatale" Ces rôles trouvent un écho dans la vie privée de l'acteur, soigne pour addiction sexuelle. Les drames s'accumulent, avec les problèmes de drogue de son fils Cameron, né en 1979, incarcéré pour trafic. Et son cancer de la gorge qu'il annonce en 2010. Le réalisateur Steven Soderbergh attendra qu'il soit guéri pour tourner "Ma vie avec Liberace". Dans le rôle du pianiste homosexuel, aussi surdoué qu'extravagant, mort du sida en 1987, Michael Douglas est génial.
Je te présente mon ami.
Vous étiez incroyable sur scène.
Plus qu'un rôle pour Michael Douglas, une renaissance.
Laurent Delahousse : Avec ce personnage qui porte ces capes, ces bijoux, si différent du séducteur auquel vous nous avez habitués, vous aviez besoin de montrer vos fragilités, vos failles.
Michael Douglas : Je ne sais pas. Arrive a ce stade de ma carrière, on a toujours envie d'essayer de nouveaux personnages. Le personnage de Liberace est plus grand que nature. Beaucoup de gens ne le connaissent pas en France. Dans les années 60 ou 70, c'était la grosse star de Las Vegas, plus qu'Elvis Presley. Quand on regarde maintenant Elton John ou Lady Gaga, on a une meilleure idée d'où viennent leurs costumes.
L.D. : Est-il est vrai que votre père vous a toujours conseillé de jouer des méchants ? Est-ce qu'il a vu ce film, "Ma vie avec Liberace".
M.D. : Oui, il l'a vu. Il était venu me voir à la fac sur scène etj'étais nul. Il était soulagé, son fils n'allait pas faire de théâtre ou de cinéma. J'ai quand même persévéré. Mais jouer le rôle de méchants, l'un comme l'autre, ça nous a aidés. Mon père a fait beaucoup de films avant 1950. Dans "Le Champion", il jouait le méchant, il a été nominé aux Oscars. Moi, jusqu'à "Attraction fatale", j'avais joué des gentils. Comme "Gordon Gekko".
L.D. : Votre père a eu du mal à vous voir mourir dans ce film.
M.D. : Je suis très fier de ce Quand mon père a vu ce film, il n'a pas ajouté grand chose. Peut-être qu'il s'est endormi pendant le film ! Ou alors la fin l'a un peu gêné, je ne sais pas. C'est vrai qu'on me voit mourir a la fin. C'est assez choquant. Il a quand même 96 ans, il a connu mon cancer.
L.D. : Il y a quelques années, Steven Soderbergh avait déjà croisé votre chemin dans un film : "Traffic" Ce film sur le trafic de drogue était-il prémonitoire ? Votre fils, Cameron, est emprisonné. Vous vous battez pour le faire libérer. Vous avez reconnu sa culpabilité. Mais vous avez le sentiment que la justice s'acharne contre lui.
M.D. : Mon fils était accro à l'héroïne. Il faisait du trafic de drogue pour payer ses mauvaises habitudes. Qu'il ait fait 5 ans de prison, Ce qui me gêne, c'est sa toxicomanie. Dans le système carcéral américain, on ne se rend pas compte que les toxicomanes ont besoin d'être aidés. Il a glisse car il est plus facile de se trouver de la drogue en prison que sur le trottoir. Ils ont prolongé sa peine parce qu'il avait pris de la drogue. 5% de la population mondiale est aux États-Unis, 25% des prisonniers du monde sont aux États-Unis. La plupart de ces détenus ne sont pas violents. Aux États-Unis, on incarcère les gens beaucoup trop longtemps. Ça coûte très cher au contribuable et ce n'est pas productif. Mon combat est de faire changer les lois relatives à la drogue,.
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