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Birmanie : terre de rubis

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Article rédigé par franceinfo
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Au milieu de ces collines se déroule une ruée vers le rubis qui ne se dément pas depuis des siècles, tout le monde y succombe. Ce petit garçon est expert dans le maniement du tamis et a l'oeil pour repérer le caillou rouge qu'il mettra a l'abri. L'ainé saura reconnaître le sang de pigeon, du sang de coq ou d'anguille. Un peu plus loin, le prolétariat de Mogok, la majorité, ils tentent leur chance à la seule force de leurs bras. Ils détachent des blocs de la montagne qu'ils cassent ensuite.

On espère toujours trouver de gros rubis.

Le plus gros valait 1500 dollars.

Là, ce sont les taupes. Chacun son rythme. Ces taupes creusent des tunnels à une dizaine de mètres de profondeur avec des galeries latérales. C'est le travail le plus ingrat et dangereux. On peut à peine tenir à genoux dans les galeries. L'air arrive par ce tuyau. Il y a un an, six de ces mineurs sont morts dans une coulée de boue.

Je sais que c'est dangereux. Le tunnel peut s'effondrer car c'est mal étayé. Je subviens à ma vie.

Le jeu en vaut généralement la chandelle. Une fois lavé, tamisé, le contenu de ces seaux offre quelques pierres rouges au propriétaire de la mine qui touche 30% de la recette. Aujourd'hui, on a sorti une pièce.

Celui-ci fait 5 ou 6 carats mais comme il y a des inclusions on peut tirer 800 à 1000 dollars car il n'est pas très pur. 48h plus tard, les pierres se retrouvent sur le marché, informel pour les petites pièces. A Mogok, tout le monde sait juger de la qualité et la valeur d'une pierre.

Il n'y a presque pas de faux ici, mais de moins et moins de rubis de cette qualité.

On vend les belles pièces sur le marché des professionnels. Les acheteurs sont assis sous un parasol bleu. Les vendeurs proposent des pièces, mais on ne voit presque pas d'échange d'argent.

Je paierai demain. Ce soir je vais regarder de près la pierre.

Pas de papier, pas de contrat, tout le monde se connaît et se fait confiance. Si tu essaies de me rouler, tu roules tout le monde et t'es fini.

Avec l'arrivée des étrangers, Indiens et Chinois surtout, qui se damneraient pour un beau caillou, Mogok revit. Le richissime "roi du rubis" en sait quelque chose. Il a fait 8 ans de prison, a cause d'un général qui ne le trouvait pas partageur. Il a repris le business.

Ce qui valait 1 dollar il y a 20 ans en vaut 1.000. Mais les gens perdent leur mine : on donne des concessions à des sociétés.

Sur le terrain, de plus en plus de chantiers pour des sociétés minières, chinoises notamment, attaquant la terre et taillant des galeries dans la roche. La part de ces sociétés par rapport a l'extraction artisanale augmente. Les pierres partent directement sur le marché international, à Hong Kong ou Singapour. Les habitants de Mogok n'auront bientôt plus que les rogatons.

Merci de nous avoir suivis. Vos rendez-vous, "Parents mode d'emploi". La météo avec Anaïs Baydemir. Puis "Le prochain grand pâtissier" avec Virginie Guilhaume. Et on se quitte avec cette tempête de sable, hier, à Téhéran. Un immense nuage de sable a recouvert la ville en quelques minutes, poussé par des rafales de vents de 110 km/h. Je vous souhaite une très belle soirée sur France 2. Ce journal a été sous-titré par H. Michelini, S. Benoits, N. Lambert, M. Alphaize, E. Bach, P. Théret et P. Wilpart.

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