Vidéo L214 dans un abattoir de l'Indre : "Les images sont inacceptables", dénonce le ministère de l'Agriculture
Pour le directeur général de l’alimentation au ministère de l’Agriculture, ces images tournées par l'association L214 "mettent en évidence un déficit flagrant de maîtrise des opérations d'abattage".
"Les images que l'on a pu visionner sont inacceptables", a dénoncé samedi 3 novembre sur franceinfo Patrick Dehaumont, le directeur général de l’alimentation au ministère de l’Agriculture. Il réagit à la diffusion d'une nouvelle vidéo de l'association L214, dans l'abattoir certifié bio de Boischaut (Indre). Le préfet de l'Indre a suspendu temporairement l'activité de l'abattoir. Une enquête est diligentée et sera menée "dès lundi", a ajouté Patrick Dehaumont, pour qui ces images "mettent en évidence un déficit flagrant de maîtrise des opérations d'abattage".
franceinfo : Que pensez-vous des images captées par l'association L 214 dans cet abattoir de Boischaut dans l'Indre ?
Patrick Dehaumont : Les images que l'on a pu visionner sont effectivement inacceptables. Elles mettent en évidence un déficit flagrant de maîtrise des opérations d'abattage. Le ministre Didier Guillaume a décidé sans attendre de demander au préfet de suspendre le fonctionnement de l'abattoir, de diligenter une enquête, c'est la brigade d'enquête nationale qui interviendra dès lundi pour faire le point, puis nous aviserons quant aux suites à donner, en fonction de ce que nous constaterons. La première mesure, c'est l'arrêt d'activité qui est déjà en place. Nous déciderons en fonction des éléments disponibles de la reprise éventuelle de cette activité.
Que risque un établissement coupable de tels manquements ?
Les sanctions peuvent être de nature judiciaire. C'est le procureur qui pourra prendre en charge les suites à donner. En la matière, les sanctions viennent d'ailleurs d'être renforcées très fortement par la loi. Il y a quelques mesures phares : notamment l'expérimentation de la vidéo-surveillance comme un outil de contrôle pour l'abatteur et la systématisation d'un responsable protection animale au niveau de l'équipe de l'abatteur, pour assurer le respect des procédures. Cette loi permet au personnel de l'abattoir de signaler tout manquement en lui conférant un statut de lanceur d'alerte. Et puis il y a désormais un délit de maltraitance qui est créé avec des sanctions maximales de 15 000 euros d'amende et d'un an de prison.
Pour que de telles sanctions soient prises, il faut que les services de votre ministère soient au courant de ce qui se passe dans les abattoirs. Faut-il attendre des vidéos de L214 pour découvrir ce type de maltraitance ?
Dans un certain nombre de cas, il y a des sanctions qui sont prises sans que ce soit médiatisé. Dans les abattoirs d'animaux de boucherie, il y a systématiquement une inspection avec des équipes d'inspection permanentes qui sont dans l'abattoir. Elles inspectent chaque carcasse pour assurer la sécurité sanitaire. L'inspection est permanente sur la chaîne d'abattage. Le poste de mise à mort est contrôlé chaque jour de manière aléatoire et ponctuelle. Les images que l'on a pu visionner n'ont jamais été observées par nos services. Par contre, des avertissements et des relevés d'anomalies ont été déjà été constitués et on demande à les corriger dans ce cas.
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