Agriculture : crise du lait de chèvre dans le centre-ouest de la France
Une crise sans précédent touche le centre ouest de la France. Ces trois dernières années, 22 % des producteurs de lait de chèvre ont mis la clé sous la porte. La faute à un prix du lait trop bas et des coûts de production en constante augmentation.
Il y a un an, Olivier Samuel mettait la clé sous la porte.
J'avais 250 chèvres réparties dans deux bâtiments.
A 40 ans, ce papa de deux enfants s'est retrouvé en liquidation.
Aujourd'hui, vous n'avez plus de chèvres.
Non, mon bâtiment est vide.
Les chèvres ont été vendues, ainsi que le matériel agricole. Il ne reste plus aujourd'hui que les bâtiments à vendre. Et un sentiment d'échec.
On y croit jusqu'à la fin. A un moment, les chiffres vous disent que ce n'est plus possible. Il faut arrêter parce qu'on met en jeu sa vie, sa famille. C'est difficile pour nos familles, nos enfants. Ils nous voient nous affaiblir, on ne dort plus, on ne sait que faire. A un moment donné, on a besoin de gens qui nous aident.
De l'aide pour stopper les dettes qui s'accumuent, et un salaire qu'il ne peut plus se verser. Le prix du lait ne paie plus. A 55 ans, Danièle a perdu 50.000 euros en trois ans. Elle n'a pas les moyens de se faire remplacer, pas le droit d'être malade. Elle travaille 7 jours sur 7, sans jamais partir en vacances.
Je ne sais pas s'il y a des gens capables de travailler à 2 euros de l'heure. Nous, nous le faisons depuis 3 ans.
Après 30 ans de métier, Danièle est suivie par un psychologue. Elle pense à arrêter l'élevage, comme 150 de ses confrères l'an passé.
Je suis pessimiste, je déprime, je prends des anxiolytiques pour dormir. Je ne vois pas l'avenir rose. Je regrette qu'on en soit arrivé là. (Elle pleure) Je ne pensais pas finir comme ça.
Vendu en moyenne 52 centimes/I l'an passé aux laiteries, alors qu'il en faudrait 70 cts. Le lait est destiné à fabriquer du fromage. Dans la seule entreprise qui a bien voulu nous recevoir, le lait est devenu rare. Cette laiterie ne tourne qu'à mi-régime.
Le site a été conçu pour pouvoir produire plus. Aujourd'hui, nous sommes en faible activité.
Pour les dirigeants, impossible de payer plus les éleveurs. Les responsables sont les enseignes de la grande distribution.
Il est impératif que la grande distribution et le consommateur acceptent de payer un peu plus cher.
Résultat : les fromages de chèvre se font plus rares dans les rayons. Cette crise laitière pourrait aussi toucher les entreprises.
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