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Femme enceinte tuée par des chiens dans l'Aisne : le commandant de gendarmerie faisait-il partie de l'équipage de chasse à courre ?

Le procureur de la République de Soissons et la gendarmerie nationale confirment la présence du lieutenant-colonel dans la forêt de Retz. Des mesures ont toutefois été prises pour ne pas entraver l'enquête.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un fourgon de gendarmerie, le 17 novembre 2019, près du lieu où le corps d'une jeune femme enceinte a été retrouvé, dans la forêt de Retz (Aisne). (MAXPPP)

Le corps d'Elisa Pilarski, victime d'une attaque de chiens, a été retrouvé, samedi 16 novembre, dans les bois, sur la commune de Saint-Pierre-Aigle, dans l'Aisne. Cette femme de 29 ans, enceinte, était partie promener son chien dans la forêt de Retz, où se tenait au même moment une chasse à courre. La meute de chiens des chasseurs est-elle responsable de la mort de cette jeune femme ? Les enquêteurs explorent cette piste parmi d'autres. Un élément troublant, évoqué dans la presse, est venu s'ajouter : le commandant du groupement départemental de gendarmerie de l'Aisne aurait fait partie de l'équipage de la chasse à courre. Dans le live de franceinfo, vous nous avez demandé de confirmer cette information.

L'enquête confiée à une autre unité

Le procureur de la République de Soissons, Frédéric Trinh, confirme à franceinfo la "présence" du lieutenant-colonel Jean-Charles Métras parmi les chasseurs. Le magistrat assure en avoir été "immédiatement informé" et explique avoir pris des dispositions, afin de s'assurer que cela ne nuise pas à l'enquête. Cela "a justifié que je confie le traitement de la procédure à un service qui n'est pas placé sous son autorité, à savoir la section de recherche d'Amiens".

La gendarmerie nationale, interrogée par franceinfo, confirme les propos du procureur de la République de Soissons. Le lieutenant-colonel était bien "l'un des suiveurs de la chasse à courre", mais "cela ne gêne absolument pas l'enquête", compte tenu de la mesure prise "en lien avec le procureur", affirme la gendarmerie nationale. 

Des prélèvements sur des dizaines de chiens

La victime, âgée de 29 ans et enceinte, avait appelé son concubin pour "lui signaler la présence de chiens menaçants", selon le parquet, alors qu'elle "était partie promener son chien". C'est lui qui a découvert le corps de sa compagne, samedi après-midi. D'après les résultats de l'autopsie, cités par le procureur, la mort a "pour origine une hémorragie, consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs, ainsi qu'à la tête". La victime a en outre été mordue avant et après sa mort.

Des prélèvements ADN ont été effectués sur 67 chiens - et non 93 comme le parquet l'avait indiqué initialement. Il s'agit des cinq chiens du couple et des 62 chiens de l'association qui organisait la chasse à courre. Le parquet espère ainsi "identifier le ou les chiens mordeurs". Le parquet a indiqué mercredi que ces investigations techniques étaient achevées. Mais que "l'ampleur du nombre d'analyses et de rapprochements génétiques" à faire "va différer de plusieurs jours la date de retour des résultats".

La gendarmerie nationale confirme que "la chasse à courre est une piste étudiée de près par les enquêteurs", mais qu'"en l'état actuel de l'enquête, on ne peut affirmer que la meute est à l'origine de la mort de cette femme". L'hypothèse des chiens errants n'est donc pas écartée. Pas plus que celle du propre animal de la promeneuse, selon la gendarmerie. Il faut attendre les résultats des prélèvements ADN effectués sur l'ensemble des chiens.

Mercredi, le parquet a annoncé qu'une information judiciaire avait été ouverte contre X du chef d'homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l'agression commise par des chiens. Le dossier a été confié à un juge d'instruction.

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