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Fausses idées sur le VIH : "90% des élèves nous répondent que la salive permet la transmission", déplore Solidarité sida

Pauline Duverger, chargée de prévention auprès des publics jeunes pour l'association Solidarité sida, estime qu'"il peut y avoir des peurs incompréhensibles sur la contamination".

Article rédigé par franceinfo - Edité par Mariam El Kurdi
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Publié Mis à jour
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La municipalité de Thionville affiche sa solidarité avec l'opération Sidaction 2017 (Illustration). (MAXPPP)

Alors que se tient vendredi 1er décembre la Journée internationale de prévention contre le sida, franceinfo a révélé mardi 28 novembre les résultats d'un sondage CSA sur les préjugés à l'égard des personnes porteuses du VIH. Selon cette enquête, près de 21% des parents se sentiraient mal à l'aise si l'un des enseignants de leur enfant était porteur du virus, et 16 % des personnes qui ont un emploi seraient gênées de travailler avec un collègue séropositif, une proportion qui grimpe même jusqu'à 30% chez les 18-24 ans.

Pour Pauline Duverger, chargée de prévention auprès des publics jeunes pour l'association Solidarité sida, "il peut y avoir des peurs incompréhensibles sur la contamination", même si la connaissance autour des modes de transmission a progressé.


franceinfo : Comment expliquer que ces préjugés soient aussi tenaces chez les jeunes ? Est-ce un manque d'information, d'éducation ?

Pauline Duverger : Effectivement. Les textes de loi prévoient que les jeunes, dans leur scolarité, aient trois interventions sur la vie affective et sexuelle, de la primaire à la Terminale. On est un petit peu loin du compte : c'est plutôt une intervention pendant toute la scolarité. C'est un manque de prévention, d'information. Pourtant, ces jeunes ont de la connaissance. On le voit sur le terrain, régulièrement. Il faut juste avoir la possibilité de remettre dans le bon ordre toutes ces connaissances acquises soit par leur vie personnelle, soit par le biais de l'école.

Les parents ont-ils un rôle important à jouer ?

Les parents doivent jouer leur rôle dans l'éducation à la sexualité. Malheureusement, ce n'est pas toujours évident d'aborder ces questions en famille. Mais, ne serait-ce qu'au niveau des discriminations, les gens ont de la connaissance. Ils connaissent les moyens de transmission. Pour autant, dès qu'on les remet dans la vie de tous les jours, il peut y avoir des peurs incompréhensibles sur la contamination. Il faut rassurer sur la contamination, il faut aussi parler des avancées thérapeutiques. En 2017, une personne dépistée séropositive qui prend correctement son traitement peut atteindre au bout de six mois une charge virale indétectable, c'est-à-dire qu'elle n'est quasi plus contaminante pour autrui. C'est ce qu'il est important de rappeler à cette jeunesse et aux plus âgés. Aujourd'hui, on n'est plus dans les années 1980 ou 1990. Il y a eu d'énormes progrès au niveau médical. Et une personne séropositive n'est quasiment plus à l'origine d'une nouvelle contamination. Ce sont plutôt les personnes qui ne vont jamais se faire dépister.

L'idée d'un risque de contamination liée à la salive est fausse, mais apparemment, beaucoup de jeunes y croient ?

Dans les interventions qu'on mène sur un public jeune, appelées les "après-midi du zapping", on réunit environ 200 à 300 jeunes dans une salle de spectacle et on leur pose cette question : "Quels sont les liquides qui permettent de transmettre le VIH ?" La salive sort systématiquement. Dès qu'on les fait réfléchir, on se rend compte qu'ils se disent finalement que ce n'est pas possible. Il y a 150 000 personnes porteuses du virus en France : la salive ne permet pas de transmettre le VIH, sinon les chiffres seraient bien plus importants.

Les jeunes ont peur sans raison sur un certain nombre de points, mais par ailleurs pensent qu'on ne meurt pas du sida ?

C'est un peu l'ambivalence des avancées thérapeutiques. Dans les années 1980, 1990, c'était terrible : quelqu'un qui apprenait sa séropositivité avait malheureusement une espérance de vie pas très longue, puisqu'on attendait ces fameux traitements. L'arrivée des traitements donne vraiment un grand espoir aux personnes porteuses du VIH pour avoir une vie quasi normale. Mais, du coup, c'est un peu le revers de la médaille. En 2017, la contamination fait aussi moins peur, on vit mieux. Les jeunes se protègent, mais certains ne se protègent pas parce qu'ils ne se sentent pas concernés. L'intérêt pour nous c'est donc de rappeler que 12% des nouvelles contaminations concernent les 15-25 ans. C'est important d'utiliser des protections, pour réduire les risques en termes de contamination.

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