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Vidéo Violences conjugales : "Le jour où j’ai reçu ma première claque, j’ai pensé que je l'avais méritée"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par franceinfo - Aude Lambert
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De ses 16 ans à ses 24 ans, Marie Gervais a été victime de violences conjugales. Elle témoigne des violences qu'elle a subies de la part de son premier petit ami et raconte sa lente reconstruction.

C'était son "premier amour", rencontré au lycée. Pendant des années, elle n'a pas mesuré ce qu'elle vivait, ni reconnu l'évidence : Marie Gervais était victime de violences conjugales. Dans son livre "Il me tue cet amour", elle témoigne des huit années de violences qu'elle a subies, de 16 à 24 ans. Son récit rappelle que les violences conjugales peuvent débuter très tôt, lors des premières relations amoureuses. Les 15-25 ans sont d'ailleurs difficiles à identifier par les structures d'aide et beaucoup de jeunes femmes ont du mal à se reconnaître comme des victimes.

Marie Gervais a à peine 16 ans en 1995 lorsqu'elle rencontre Thomas. Ils sont en première quand ils commencent à sortir ensemble. Rapidement, les violences débutent. "Ça commençait toujours par de l'emprise psychologique", se souvient-elle. Marie Gervais ces petites choses "très insidieuses", comme l'écouter aux toilettes, lui faire peur en l'étouffant sous la couette, se moquer de ses lectures, de ses goûts. La jeune femme se met à douter d'elle-même. "Il me répétait tellement que j'étais à la fois la meilleure et en même temps que j'étais tellement nulle pour aimer, que je ne savais pas m'occuper de lui, que je me suis noyée dans ces deux extrêmes".

On est tellement noyée là-dedans qu’on finit par entendre la voix de l’autre et par croire que c’est nous qui avons un problème.

Marie Gervais, victime de violences conjugales

à franceinfo

Lorsque survient le premier coup, "le terrain avait été tellement préparé par cette emprise psychologique, qu'au bout de deux mois, quand j’ai reçu cette première claque, j’ai pensé que je l'avais méritée même si je ne savais pas pourquoi je la recevait", explique-t-elle. 

Les violences vont continuer jusqu'au jour où la jeune femme se confie à un cousin. "À partir du moment où j'ai posé les premiers mots, j’ai tout vomi, raconte-t-elle. J’ai tout déballé, j’ai tout dit. Et c’est en m’entendant dire les mots de toute cette violence que j’ai pris conscience de ce que je vivais." La jeune femme prévient ses parents le lendemain et quitte l'appartement qu'ils partagent en collocation.

Je ne me reconnaissais pas du tout comme une victime. Il faut absolument que les jeunes femmes puissent se reconnaître.

Marie Gervais

à franceinfo

Il lui faut ensuite apprendre repenser par elle-même, se réapproprier ses pensées, ses goûts. "Ce n'est pas parce qu'on s'est séparée de son bourreau, de l'auteur des violences, que l'emprise s'arrête comme ça", explique-t-elle. Aujourd'hui, Marie Gervais souhaite témoigner pour donner des clés aux victimes et accompagnants et leur dire qu'"une autre vie est possible en dehors des violences" . 

Chaque année en France, 220 000 femmes subissent des violences conjugales. Paroxysme de ces violences, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex en 2019, soit 25 de plus que l'année précédente.


Il me tue cet amour. Comment je me suis reconstruite, après huit ans de violences conjugales, de Marie Gervais, Massot Editions.

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