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Vidéo Violences conjugales : le documentaire "Survivantes" alerte sur le manque d'hébergement pour aider les victimes

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Le manque de moyens pour aider les victimes de violences conjugales / (FRANCEINFO)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, France 2 diffuse un film réalisé par Eric Guéret dans l'émission "Infrarouge".

"On reste toujours sur cette difficulté massive de femmes victimes de violences qui n'ont pas assez de place chez nous, sur toute la région." Le constat est dressé par Nathalie, directrice de Flora Tristan, premier centre d'hébergement dédié aux victimes de violences conjugales créé en France. Son témoignage, recueilli comme d'autres dans le documentaire Survivantes, réalisé par Eric Guéret et diffusé mercredi 29 novembre à 22h50 sur France 2, révèle la difficulté de prendre en charge ces personnes.

Survivantes s'immerge dans ce centre d'hébergement fondé en 1978, dédié à la protection et à l'accompagnement des hommes et femmes contraints de fuir leur domicile et la violence de leurs conjoints. Un lieu qui répond à l'urgence des demandes de mises à l'abri des victimes accompagnées ou non d'enfants et met à leur disposition 27 appartements pour une durée qui peut aller de dix-huit mois à deux ans.

Le documentaire va à la rencontre des victimes et des travailleurs sociaux qui les épaulent psychologiquement et les guident dans leurs démarches juridiques. Des professionnels qui sont également chargés de s'occuper des enfants de ces femmes, et qui forment également des policiers afin qu'ils sachent reconnaître les victimes et les traiter en conséquence. Mais ce qui revient inlassablement dans le film est le manque notoire de moyens dont souffrent ces associations.

Des violences en hausse

Le documentaire dénonce aussi la façon dont les violences conjugales ont longtemps été considérées comme des violences ordinaires, entretenues par une forme de déni et de résignation du côté des victimes. Ainsi qu'une certaine légèreté dans le traitement des autorités. Leurs conséquences sont pourtant désastreuses et surtout, leur nombre augmente considérablement d'année en année : en 2022, 244 000 personnes ont subi des violences conjugales, selon le ministère de l'Intérieur, soit 15% de plus que l'année précédente.

Si les victimes peuvent bénéficier d'un réel soutien dans ce type de centres, il n'est que provisoire et "l'après" reste souvent problématique, voire précaire. Les femmes qui sont arrivées au terme du délai de deux ans d'hébergement doivent se débrouiller et trouver une autre solution. Elles sont alors souvent livrées à elles-mêmes, contraintes de loger dans des hôtels sociaux ou de se tourner vers le Samu social.

Des lieux qui sont rarement adaptés et surtout peu sécurisants. "Ce n'est pas le cœur de mon travail", confie tristement Amélie, travailleuse sociale, après s'être entretenue une dernière fois avec une femme qui doit quitter le centre avec sa fille, et qui ne sait où aller. "Ce serait justement de pouvoir les soutenir jusqu'au bout s'il y avait les moyens."

Les conséquences désastreuses des violences conjugales

Ce manque d'hébergement s'apparente aussi à une forme de violence envers ces mères de famille fragilisées, qui se retrouvent souvent dans l'errance. Pour échapper à la rue, certaines sont même obligées de retourner à leur domicile et subir à nouveau des violences de leur conjoint.

Des répercussions sur les enfants

Des brutalités dont les répercussions sur leurs enfants sont catastrophiques : difficultés à l'école, traumatismes, désocialisation, placements... Ces jeunes victimes collatérales sont rarement prises en charge psychologiquement. "Quand on est en train de penser constamment que sa mère va peut-être se faire tuer par son père, on ne peut pas être dans les apprentissages. (...) Et puis on se met dans la position de l'agresseur, des études le prouvent. Si on ne fait rien (...) qu'est-ce qui va se passer à l'adolescence ?" questionne Alexandra, qui travaille dans le centre Flora Tristan.

"Il y a un coût énorme pour la société. Si les hommes politiques venaient s'immerger et voir les conséquences que cela à sur les personnes et se disaient : 'On se laisse quelques années, on met de l'argent là-dessus.'"

Alexandra, travailleuse sociale

dans le documentaire "Survivantes"

Car la question du logement est bien "le nerf de la guerre du fléau" des violences conjugales, comme l'explique dans le film Nathalie, la directrice du centre. "Il faut du financement pour cela. J'espère qu'un jour un gouvernement entendra les demandes." Un début de prise de conscience ? Le 20 novembre, Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles, a annoncé qu'une aide d'urgence généralisée serait octroyée aux victimes de violences conjugales.


Le documentaire Survivantes, réalisé par Eric Guéret, est diffusé mercredi 29 novembre à 22h50 sur France 2 et sur la plateforme France.tv.

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