: Vidéo Bizutage à Saint-Cyr : Rachid Hami et Shaïn Boumedine, frères d’armes dans le film "Pour la France"
"Dans le film, on a un personnage, Aïssa, qui comme mon frère était prêt à tout sacrifier pour la France, il était prêt à mourir et à tuer pour la France. Et pour moi, la France est un grand projet, un idéal qu'est Liberté - égalité - fraternité." Le réalisateur Rachid Hami livre en salle, mercredi 8 février, Pour la France, le parcours inspiré de celui bien réel de son frère Jallal, élève officier mort en 2012 à l'âge de 24 ans en se noyant dans un étang qu'il avait dû traverser en équipement militaire lors d'un bizutage d'intégration mené par ses camarades de 2e année de l'école de Saint-Cyr. Le film n'est pas un documentaire. "Je voulais proposer un film de cinéma dans lequel les spectateurs peuvent aussi trouver leur place", explique-t-il à franceinfo.
Pourtant, Rachid Hami explore avec précision la relation qu'il entretenait avec son frère, pas toujours aisée dans la communication, empreinte de non-dits. Le film revient aussi sur une famille qui fait face au décès d'un des leurs et qui lutte pour que l'armée lui rende des honneurs à la hauteur de son engagement. Sur l'armée elle-même, ses gradés de conviction et ceux qui feront tout pour ne pas voir l'image de l'institution se ternir. Des destins interprétés avec talent par les acteurs Karim Leklou, pendant à l'écran de Rachid Hami, Shaïn Boumedine (Mektoub my love, Placés), Laurent Lafitte, Lubna Azabal, Samir Guesmi ou Slimane Dazi.
À l'un le sabre, l'autre la caméra
Pourquoi intituler son film Pour la France ? Rachid Hami répond par un souvenir. "Un jour mon frère a dit : je veux rendre à ce pays un peu de ce qu'il m'a donné. Il avait la volonté de servir un idéal républicain et démocratique, de servir une France qui nous avait apporté une possibilité de futur et de sécurité. Je trouvais important de raconter l'histoire de ce jeune homme réfugié, exilé, émigré, musulman et aussi Français."
Rachid, Jallal et leur mère ont effectivement quitté l'Algérie dans les années 90, confrontés à la montée du Front islamique du salut (Fis). Ils s'installent en Seine-Saint-Denis à Pierrefitte-sur-Seine. Jallal intègre Sciences-Po, part étudier à Taïwan. Il est un étudiant brillant. Dans sa lettre de motivation pour entrer à Saint-Cyr, Jallal Hami avait écrit : "Pour certains, les valeurs, c’est archaïque, pour moi il n’en est rien". La plume avant l'épée, avant le port du sabre de l'école. Rachid Hami, lui, recourt à la caméra avec délicatesse et force.
Il y a deux ans, à l’issue du procès des responsables de la mort de Jallel "tragique et absurde" selon les mots de Rachid Hami, trois personnes ont été condamnées à de la prison avec sursis pour homicide involontaire. Quatre ont été relaxées. "Faire un film est une responsabilité surtout dans le contexte (politique) actuel. Il était important pour moi de ne pas faire un film militant qui dise le bien ou le mal mais au contraire un film nuancé, qui interroge, qui déconstruit les clichés sur l'armée autant que sur une famille immigrée."
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