Vidéo Aides aux Restos du cœur : "Ça va dans le bon sens mais il faudra beaucoup plus", réagit le porte-parole de l'association

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Article rédigé par franceinfo
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Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur, s'est exprimé sur franceinfo à propos des aides supplémentaires de 15 millions d'euros promises par le gouvernement.

"Sur ces 15 millions" d'euros promis par le gouvernement, "il y en avait déjà 10 qui étaient dans les tuyaux, la vraie augmentation c'est 5 millions", a expliqué Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur, lundi 4 septembre sur franceinfo.

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"Ça va dans le bon sens, mais il faudra beaucoup plus pour nous aider à combler le trou qui s'annonce : 35 millions rien que pour 2023", a-t-il réagi, avant d'appeler à "enrayer cette pauvreté qui augmente dans le pays et qui fait que nous avons 170 millions de repas servis en une année contre 140 millions l'année dernière". Le gouvernement a répondu à l'appel du président de l'association, Patrice Douret, qui avait affirmé dimanche que "les Restos du cœur pourraient mettre la clé sous la porte d'ici à trois ans", et que 150 000 personnes pourraient être éconduites cet hiver en raison du manque de ressources de l'association.

franceinfo : L'aide annoncée de 15 millions d'euros promise par le gouvernement sera-t-elle suffisante ?

Yves Mérillon : D'abord, sur ces 15 millions, il y en avait déjà dix qui étaient dans les tuyaux. Donc la vraie augmentation, c'est 5 millions. C'est une bonne chose, ça va dans le bon sens, mais il faudra beaucoup plus, d'une part pour nous aider à combler le trou qui s'annonce. C'est 35 millions rien que pour 2023. Et puis, deuxièmement, il faut aussi s'attaquer à l'arrivée massive de gens depuis maintenant près d'un an. Ce qu'il faut, c'est éradiquer, enrayer toute cette pauvreté qui augmente dans le pays et qui fait que nous avons aujourd'hui 170 millions de repas servis en une année, contre 140 l'année dernière. Ça devient intenable.

De grandes enseignes se sont-elles manifestées pour vous aider ?

On en a eu au moins deux, d'une part Carrefour et d'autre part le groupe Intermarché. C'est une très bonne nouvelle. Un certain nombre de ces industriels nous aident déjà. Intermarché, c'est de l'ordre d'un million d'euros en produits. Il faut que ça continue. Mais il faut qu'on aille beaucoup plus loin que simplement nous aider à combler le trou de cette année. On a besoin de mesures structurelles.

Vous allez être obligé de baisser les seuils qui permettent de bénéficier de l'aide. 150 000 personnes vont être éconduites dans les prochaines semaines. Ça va se passer comment ? 

C'est ce qui est le plus terrible pour les gens. Pour les personnes accueillies bien entendu en premier lieu, mais pour les bénévoles aussi. 

"Pour la première fois de l'existence des Restos en près de 40 ans, nous allons être obligés non seulement de diminuer le nombre de gens que nous allons servir chaque semaine, mais on va aussi être obligés de diminuer la dotation que nous leur donnons chaque semaine".

Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur,

à franceinfo

 C'est absolument terrible et insupportable pour les bénévoles. Il y a un seuil, on compare les revenus moins les charges, moins le loyer. Si les gens sont au-dessus du seuil, on ne peut plus les prendre. Ça va être dès le mois de novembre.

Vous avez demandé un plan d'urgence alimentaire. Qu'est-ce que c'est ?

Un plan d'urgence alimentaire doit avoir deux volets. Le premier, c'est aider les associations d'aide alimentaire à passer ce cap extrêmement difficile. Le deuxième volet, c'est faire en sorte que le tsunami de personnes que nous accueillons depuis un an s'arrête et diminue. Ce sont des mesures structurelles, politiques. Il appartient aux pouvoirs publics de les prendre. Il y a vraiment une urgence à faire en sorte que des gens en France ne souffrent pas de la faim, comme nous le constatons aujourd'hui. 

Les particuliers peuvent aussi vous aider ?

L'essentiel de nos ressources, ce sont les particuliers. Ce sont les donateurs, y compris des tout petits donateurs, qui peuvent donner 30 euros par an. Quand on nous donne 1 euro, avec la mobilisation des bénévoles, toute l'activité que nous avons, nous déployons sur le terrain 5 euros pour nos missions sociales.

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