Vendredi noir pour les squatteurs de la place des Vosges
Onze bis rue de Prague, immeuble en partie classé, avec vue imprenable sur la place des Vosges (Paris IVe), l’un des lieux les plus huppés de la capitale. Construit au XVIIe siècle, il a vu naître la Marquise de Sévigné. Il a été habité, entre autres, par le géant de la machine à coudre : Paris Singer.
_ Depuis 1963, l’hôtel particulier de 1.500 mètres carrés appartient à madame Béatrice Cottin, 88 ans. Et depuis plus de 45 ans, il est vide. Sans habitant.
Aussi, pour attirer l’attention du public et des médias sur le problème du logement dans Paris, le collectif Jeudi Noir investit le bâtiment en octobre 2009, et y installe d’autorité 33 squatteurs, des étudiants et travailleurs précaires.
Madame Cottin ne l’entend pas de cette oreille. Et attaque les squatteurs en justice pour obtenir leur expulsion. Le jugement de première instance donne raison à la vieille dame.
Le collectif fait appel. La cour d’appel propose en septembre dernier aux parties une médiation. Les squatteurs proposent de verser un loyer mensuel transitoire de 3.300 euros, et promettent de quitter les lieux dès que la propriétaire entamera des travaux dans cet immeuble livré aux pigeons et aux rats.
Refus catégorique de la vieille dame.
Expulsion immédiate
Ce matin, la cour d’appel a donc tranché en faveur de la propriétaire. Les squatteurs doivent quitter les lieux sans délai, et verser une indemnité d’occupation de quelque 80.000 euros.
_ Si la cour reconnaît dans ses attendus "le souci légitime du collectif d'attirer l'attention des pouvoirs sur les difficultés de logement", elle confirme que les squatteurs se sont rendus coupable d’une "atteinte au droit de propriété". La cour "n’arrive pas à franchir un pas supplémentaire sur le droit au logement", regrette l’avocat de Jeudi Noir, Me Pascal Winter.
Le collectif affirme que les occupants "resteront jusqu’au bout (…) Il faudra venir nous chercher", prévient une porte-parole de Jeudi Noir, qui demande "la réquisition de ce bâtiment" .
_ Quelle que soit la décision judiciaire, les occupants entendent bien fêter sur place, le 27 octobre, le premier anniversaire de leur occupation. Lors de la dernière journée du patrimoine, plus d’un millier de personnes était venu visiter le site historique, squat le plus célèbre de France.
Gilles Halais, avec agences
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