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Un mois après : une des rescapées de l'Hyper Cacher raconte

TEMOIGNAGE | Un mois après les attentats, quelles séquelles pour ceux qui ont vécu ces événements au plus près ? France info a rencontré une rescapée de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Devant l'Hyper Cacher des habitants du quartier continuent à entretenir les milliers de fleurs et bougies deposés en hommage aux victimes © Radio France / Jérôme Jadot)

Paule, 77 ans, est toujours très éprouvée par les scènes qu'elle a vécues. Parmi les images qui la poursuivent, il y a ce visage d'Amedy Coulibaly, tantôt fanatique, tantôt - assure-t-elle - sympathique."C'était le regard d'un homme humain, et doux. C'est ça qui était très surprenant. Aujourd'hui je me pose encore question, comment se fait-il qu'avec ce regard il ait pu commettre ces actes aussi horribles ? "

TEMOIGNAGE | Paule, 77 ans, rescapée de l'Hyper Cacher, revient sur cette journée du 9 janvier, au micro de Jérôme Jadot
Des questionnements qui ne lâchent plus cette frêle retraitée venue à l'Hyper Cacher acheter des olives pour son mari le 9 janvier. Un mois après, visiblement fatiguée, le regard parfois perdu, elle accuse encore le coup. "C'est dur parce que je vois toujours cet homme avec le sang, qui s'écoule de son corps, j'entends toujours les gémissements, j'entends toujours "je suis Coulibaly, j'ai tué la policière", je l'entends nous dire ça ", explique-t-elle.

"Le bruit d'une kalachnikov, c'était en fait un carton de bananes" qui tombait

"Je me réveille des fois en pleine nuit et je revois ces scènes. Ce qui me console c'est qu'une des otages me prenait la main souvent. On se prenait la main, on aurait dit deux petites filles à l'école quand elles ont peur elles se prennent la main ", poursuit-elle. Un lien avec les autres otages que Paule a maintenu, par téléphone. Ils se sont aussi revus à l'Elysée et il est question d'un dîner commun.

Au quotidien, la vie d'ex-otage de l'Hyper Cacher n'est plus tout à fait comme avant. "Je ne peux plus me mettre près d'une vitrine quand nous allons dans une brasserie, car j'ai l'impression qu'on va nous tirer dessus. Je n'ai plus tellement envie d'aller dans les magasins. Je suis allée au Monoprix, un manutentionnaire a laissé tomber un carton, je me suis cachée tout de suite derrière une étagère car ça faisait exactement le même bruit que la kalachnikov, et en fait c'était un carton de bananes ". 

"J'y retournerai... et j'achèterai des olives"

Elle ne sent "pas du tout guérie ". Au-delà des somnifères qui l'aident un peu, Paule voit chaque semaine une psychologue. Elle se confie aussi à son mari, sa fille et une amie. Mais elle attend surtout le moment où elle pourra retourner là où sa vie a été mise entre parenthèse. "J'ai toujours dit que Hyper Cacher si il rouvre, j'y retournerai, et j'y retournerai avec le même manteau, et j'achèterai des olives ", dit-elle. 

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