Un étudiant sur trois n'a pas assez d'argent pour se soigner
C'est le premier constat que dresse la mutuelle étudiante LMDE (ex-MNEF), dans sa troisième enquête nationale sur la santé des étudiants : les études ne sont plus cette “meilleure période de la vie ” suspendue dans l'insouciance, entre les angoisses de l'adolescence et les rigueurs de la vie professionnelle.
Les chiffres le montrent de façon implacable : les conditions de vie des étudiants en France se dégradent. Et leur attitude par rapport à la santé agit comme un révélateur. A ce moment de la vie où elle n'est pas, dans la plupart des cas, au rang des priorités, elle se retrouve de plus en sacrifiée.
Ainsi, au cours des 12 derniers mois, un étudiant sur trois (34%), a déclaré aux enquêteurs qu'il avait renoncé à consulter un médecin pour des raisons financières. Et un sur cinq explique ne pas avoir suivi un traitement prescrit pour les mêmes raisons. Ils effectuent également de moins en moins de visites médicales à l'université (près de 60% en 2008, moins de la moitié en 2010).
A l'appui de cette tendance, l'enquête révèle qu'un quart des étudiants jugent leurs revenus insuffisants et éprouvent des difficultés à boucler leurs fins de mois. Le salariat étudiant ne permet pas de s'en sortir. Plus de la moitié de ceux qui sont dans ce cas doivent se débrouiller avec moins de 400 euros par mois. Pas étonnant que l'accès à l'autonomie soit de plus en plus difficile et que la génération “Tanguy” ait encore de beaux jours devant elle.
Si les étudiants s'éloignent de plus en plus des structures de santé, ce n'est pas parce qu'ils vont mieux. En particulier dans les têtes. Quelque 38% d'entre eux déclarent vivre avec un sentiment constant de déprime ou de tristesse. Une situation ignorée par les structures sociales et les pouvoirs publics, contrairement au cas des adolescents. D'ailleurs, 90% des étudiants ignorent l'existence des bureaux d'aide psychologique universitaire.
_ Cette morosité se conjugue avec une vision assez noire de la société qui les entoure. Ils sont 72% à se voir comme une génération sacrifiée et 63% d'entre eux se disent inquiets pour leur avenir.
La LMDE pointe du doigt l'assurance maladie, qui rembourse de moins en moins bien (moins de 1 euros sur deux dépensés par les étudiants pour se soigner sera remboursé), le poids des dépassements d'honoraires médicaux. De manière plus générale, les systèmes d'aides sociaux semblent inadaptés.
La mutuelle propose quelques pistes de réflexion, comme la création d'un chèque santé pour les étudiants, l'amélioration de la prise en charge de l'assurance maladie et du régime étudiant de la Sécurité sociale. Bref, la création d'un véritable statut pour les étudiants.
Grégoire Lecalot
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