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Tirs de mortier : l'arme devenue ordinaire dans les violences urbaines

Depuis les émeutes de 2005, les tirs de mortier d'artifice se multiplient lors des violences urbaines, comme à Trappes. Ces engins pyrotechniques détournés de leur fonction peuvent causer des blessures graves.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Lors des échauffourées qui ont débuté jeudi 18 juillet à Trappes (Yvelines), des tirs de mortier ont été tirés. Ici, la BAC (Brigade anti-criminalité) se déploie dans la ville le 20 juillet 2013. (MIGUEL MEDINA / AFP)

"La nuit a été calme sur Trappes et ses alentours" malgré "deux à trois tirs de mortier", a indiqué une source syndicale de la police à l'AFP, lundi 22 juillet. Selon cette déclaration, "tirs de mortier" et "situation apaisée" sont visiblement conciliables, preuve d'une certaine habitude vis-à-vis de ces explosifs.

Depuis plusieurs années, les tirs de mortier semblent se multiplier lors des affrontements contre les forces de l’ordre en banlieue, comme à Amiens (Somme) en août 2012, ou à Lyon lors du week-end du 14 juillet dernier, comme évoqué par Le Progrès. L'occasion de faire le point sur les caractéristiques de cette arme de guérilla urbaine.

Qu'appelle-t-on "tirs de mortier" ?

Pour être précis, il faudrait parler de "tirs de mortier d'artifice" afin de ne pas confondre avec les tirs d'obus de mortier, des armes de guerre utilisées notamment en Syrie et responsables de nombreux morts, comme le note Metro. En France, les tirs de mortier correspondent à l’usage de feux d'artifice détournés de leur fonction.

L'arme improvisée se présente sous forme de boules, de diamètre variant généralement entre 40 et 60 mm, qui s’utilisent avec un tube planté dans le sol, détaille Le Parisien. Lors d'échauffourées comme celles de Trappes, qui ont débuté jeudi 18 juillet, ces bombes pyrotechniques sont utilisées en ciblant les forces de police ou pour semer la discorde, comme le montre cette vidéo tournée en 2009 lors de troubles à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

Quelle est la dangerosité des tirs de mortier d'artifice ?

Utilisés comme armes par destination, c'est-à-dire en direction d'une personne, ces engins se révèlent dangereux. Concernant les évènements de Trappes, "l'intégrité physique des policiers est visée", affirme Christophe Crépin du syndicat Unsa-Police, contacté par francetv info. Les apprentis artificiers peuvent "tirer à distance sur la police ou les pompiers, en minimisant le risque d'être pris", ajoute un officier dans Le Parisien. En 2012 par exemple, un policier est blessé par un tir de mortier au cours de violences à Grigny, dans l'Essonne, rappelle Libération. Lors des émeutes à Amiens la même année, trois CRS sont touchés par des tirs de mortier, indique Le Figaro.

Pour ceux qui les manipulent aussi, les bombes pyrotechniques apparaissent redoutables en raison de leur instabilité et de leur imprécision. Nombre d’imprudents ont perdu des doigts en utilisant ces objets explosifs, à l'image de ces derniers exemples relatés par Le Parisien à l’occasion du dernier 14-Juillet. Phalanges arrachées, visages brûlés, yeux touchés, la puissance de ces explosifs n'est plus à démontrer. Le week-end du 7 juillet, un appartement a même été dévasté à Saint-Denis, rapporte encore Le Parisien.

Est-il facile d’acheter des engins de type mortier ?

Il est légal de s'offrir des bombes destinées à la pyrotechnie. En revanche, à partir d'un diamètre de 40 mm, il est nécessaire d'obtenir un agrément préfectoral comme le précise ce site spécialisé dans la vente de feux d'artifice. Devant la hausse des incidents, les préfectures ont décidé ces dernières années d'interdire la vente de ces objets pyrotechniques aux alentours du 14-Juillet. Enfin, pour tenter de dissuader les artificiers en herbe, en cas d'utilisation de ces feux d'artifice contre des policiers, les sanctions prévues sont très lourdes. Jusqu’à dix ans de prison si l’attaque est commise en bande organisée, atteste Le Parisien.

Il reste facile de se procurer ces explosifs, selon Christophe Crépin : "Ils vont s'approvisionner en Belgique, en Hollande, ou même sur internet. Ils ont mis en place leurs réseaux pour contourner la loi." D’ailleurs, le délégué syndical raconte qu’une perquisition dans une boutique à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a permis, début juillet, la saisie d’environ 200 kilogrammes de bombes pyrotechniques. Un véritable arsenal qui aurait pu se retourner contre les policiers.

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