: Témoignage "Être travailleuse du sexe sur OnlyFans ou Mym, c'est beaucoup de risques" : une créatrice de contenus X en ligne demande plus de prévention sur ce sujet
Vera Flynn préfère garder son nom et le lieu où elle vit secrets, comme pour préserver ce qui lui reste d'anonyme. À 32 ans, elle se définit comme travailleuse du sexe virtuelle, une activité qui l'occupe à plein temps depuis quatre ans. "Je fais de la pornographie", résume Vera, présente sur Mym et sur OnlyFans, deux plateformes qui permettent aux utilisateurs d'accéder à des contenus exclusifs moyennant des frais. "Avant, on achetait des magazines pornographiques, maintenant, c'est pareil, sauf que ça se passe en ligne", ajoute-t-elle.
"Je choisis tout ce que je fais"
Installée dans son fauteuil à fleurs rose fluo, Vera nous détaille le contenu qu'elle produit pour ses abonnés. "Je fais beaucoup de photos, mais aussi des vidéos dans lesquelles je peux être seule ou avec des partenaires". Ces partenaires peuvent être son mari "ou d'autres rencontres", ajoute-t-elle en disant former avec son conjoint un couple libertin.
"Je choisis tout ce que je fais", insiste Vera Flynn. Pas question pour elle de se forcer à faire des choses qu'elle ne veut pas juste pour gagner de l'argent. La travailleuse du sexe de 32 ans raconte vouloir s'inscrire dans une démarche "body-positive". "Je suis moi-même, avec mes bourrelets, mes vergetures ou mes poils. J'aime aussi faire de l'humour dans le porno. J'ai envie qu'on dédramatise la pornographie", nous dit-elle, en expliquant se considérer comme chanceuse d'avoir une telle liberté. "Encore une fois, je le redis, je ne suis pas précaire. Je peux me permettre de sortir des clichés du porno, mais ce n'est pas forcément ce qui excite (et donc ce qui paye) le plus", prend-elle le temps de préciser.
"Je suis contente quand je gagne 2 000 euros brut par mois"
Quant à l'aspect financier, Vera souhaite couper court aux fantasmes de l'argent facile. "Celles et ceux qui gagnent 20 000 euros par mois sont d'anciennes stars de la téléréalité ou des influenceurs et influenceuses qui avaient déjà une grosse communauté avant", explique-t-elle avant de rappeler que "le travail du sexe sur Internet est un métier précaire".
Sur son abonnement mensuel de 12 euros, Vera touche 6,86 euros. "Sur les 6,86 euros, 20% partent aux impôts", dit-elle pour expliquer pourquoi elle refuse toutes les demandes des agences qui lui proposent leurs services pour accroître ses revenus : "Les agences, c'est une catastrophe. Ils veulent nous prendre encore 50% en plus", dénonce-t-elle.
Vera Flynn regrette les jugements négatifs qui sont portés systématiquement sur son métier. "On nous dit de trouver un vrai travail. Les gens ne comprennent pas", lance-t-elle.
"Si j'ai envie que les gens payent pour me voir me masturber, c'est mon problème et ça ne devrait être le problème de personne d'autre."
Vera Flynnà franceinfo
Si Vera veut véhiculer une image positive de son métier, elle est très loin d'être naïve. Les dangers et les dérives, elle les connaît. "Je me suis pris des claques", confie-t-elle avant de mettre en garde contre le vol de photos et de vidéos. "J'avais 20 ans et des shows webcam de moi se sont retrouvés en libre accès sur Internet. On a essayé de les faire supprimer, mais c'est très compliqué", insiste-t-elle. "Une fois que les photos sont sur Internet, ça ne s'en ira jamais", termine-t-elle.
"Je ne veux pas devenir ta copine, ni ton amoureuse !"
Vera Flynn milite pour plus de prévention, notamment auprès des jeunes. "Être travailleuse du sexe en ligne, c'est un choix qui doit être réfléchi. On a besoin de prévention sur OnlyFans, sur Mym et sur le travail du sexe en général. Ce n'est pas juste vendre des photos et se faire de l'argent. Non, non, non, surtout pas ! C'est beaucoup de risques à prendre", dit-elle en s'adressant directement aux jeunes : "Tu vas être confronté à des comportements dont tu n'as pas l'habitude. Tu vas peut-être te forcer à faire des choses que tu ne veux pas", explique-t-elle. Avant de préciser : "Il faut beaucoup réfléchir avant de se lancer".
Vera Flynn veut également alerter sur les comportements déplacés que peuvent avoir certains abonnés. "Il ne faut pas croire que tous les clients sont bienveillants. On reçoit des appels sur Instagram qu'on ne demande pas. C'est une catastrophe", déplore-t-elle avec lassitude. "Moi, je produis du contenu pornographique, je ne veux pas devenir ta copine, ni ton amoureuse !", s'exclame Vera. Autre point sur lequel elle voudrait attirer l'attention, la violence en ligne : "Il faut savoir que quand on se lance dans le travail du sexe, la haine sera toujours présente. Toujours. Il faut avoir les épaules."
"C'est un métier qu'on peut adorer, mais qui peut ne pas faire du bien à tout le monde", résume-t-elle, avant de conclure : "Je continuerai à faire ce métier tant qu'on voudra de moi".
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