Automobile : la limitation de la vitesse à 80 km/h, "une entrave à la jouissance"
Alors que la limitation de vitesse à 80 km/h est entrée en vigueur, le sociologue Benoît Coquart s'intéresse au comportement de jeunes ruraux à leur voiture.
Pour le sociologue Benoît Coquart, "la voiture est vue comme un investissement nécessaire". Comme sujet d'étude, il a choisi "les milieux ruraux plutôt en déclin où pour trouver un emploi, il faut accepter de travailler loin de chez soi [...] On va faire beaucoup de kilomètres pour aller au travail, ce qui implique d'en faire pour aller faire ses courses, pour aller chercher ses enfants à l'école. On va comptabiliser le temps qu'on passe sur les routes. C'est là où la vitesse devient très importante". En effet, "quand on se dit qu'on va devoir rouler à 80 km/h au lieu de 90 en temps normal, tout de suite le périmètre d'action va être limité", poursuit-il.
80% des accidents mortels ont lieu à la campagne
Alors, rouler à 80 km/h est-ce une entrave ? Selon le sociologue, "c'est certainement vu comme une entrave à la jouissance ou à l'utilisation du territoire". Ainsi, "des personnes ont tendance à se politiser sur des questions de limitation de vitesse et la liberté routière". Un chiffre est à souligner : 80% des accidents mortels ont lieu à la campagne. Mais pour les ruraux qui doivent prendre les mêmes routes tous les jours, "bien conduire, c'est toujours conduire un petit peu au-dessus des limitations de vitesse tout en donnant l'impression qu'on garde le contrôle de la voiture en toutes circonstances. Donc l'idée de dire que l'État croit qu'il est nécessaire de légiférer pour qu'on n'ait pas d'accidents de voiture, ça sort par les yeux de personnes qui disent 'vu le prix de ma voiture, jamais je prendrai le risque de la casser", conclut Benoît Coquart.
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