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Retraites : le rapport Moreau promet des discussions agitées

Il doit servir de base à la concertation entre le gouvernement et les syndicats, qui débutera lors de la conférence sociale des 20 et 21 juin. Mais ce document est déjà critiqué.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Dans une maison de retraite, le 13 janvier 2012, à Antibes (Alpes-Maritimes). (VALERY HACHE / AFP)

Le rapport Moreau sur l'avenir du système des retraites a été remis vendredi 14 juin à Matignon et il fait déjà beaucoup parler. Pour combler un déficit de l'ensemble des régimes de retraites, estimé à 20 milliards d'euros en 2020, le rapport de la Commission d'experts propose, grâce à une série de mesures (détaillées ici par francetv info), de faire au total 7 milliards d'économies.

Elles doivent servir de base à la concertation entre le gouvernement et les syndicats, qui débutera lors de la conférence sociale des 20 et 21 juin. Mais déjà, le rapport est critiqué par les personnes qui se retrouveront autour de la table des négociations.

Le gouvernement y voit une base de discussion

"Le rapport que m'a remis aujourd'hui Yannick Moreau signale l'entrée du pays dans un temps fort : celui de la concertation en vue de la réforme de notre système de retraites", a rappelé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dans une tribune publiée par Le Monde.fr. "A présent, je veux une concertation dense, construite, ouverte et sincère. Puis, en septembre, mon gouvernement décidera en responsabilité et présentera son projet", a-t-il ensuite prévenu. 

Pour la ministre de la Santé, Marisol Touraine, "les pistes qui sont présentées dans ce rapport ne préfigurent en aucun cas la réforme que va porter le gouvernement." Pressentant la fronde de certains  syndicats, elle a indiqué qu'il contenait "plusieurs orientations qui n'ont évidemment pas vocation à être additionnées les unes aux autres."

Le chef de l'Etat a aussi affirmé que les partenaires sociaux allaient être "associés et consultés" sur cette réforme, mais que c'est "le gouvernement et seulement le gouvernement qui prendra la décision". 

Certains rejettent en bloc ses préconisations

Certaines mesures s'attirent d'ores et déjà les foudres de certains syndicats. "L'allongement de la durée requise pour le taux plein et la désindexation ne sont en rien des solutions pour pérenniser et améliorer le système de retraite français dans l'intérêt des actifs et des retraités, toutes générations confondues", a déploré la CGT. Son secrétaire général, Thierry Le Paon, a même parlé d'un "un casus belli irrémédiable" si le gouvernement venait à appliquer ces mesures, rapporte Le Monde.fr. "Au contraire, leur mise en œuvre fragiliserait encore davantage le système et aurait des conséquences graves pour les retraités actuels et futurs", estime le syndicat dans un communiqué. 

"Quant aux mesures tendant à l'alignement des régimes du privé et du public, elles s'effectueraient au nom de l'équité, mais n'auraient pas d'incidences financières sur les régimes, selon les termes du rapport", poursuit la CGT, qui dénonce des propositions démagogiques et une "volonté de bien plaire."

De son côté, Force ouvrière a estimé que le rapport "s'inscrit dans la logique d'austérité 'recommandée' par la Commission européenne. La plupart des mesures listées pénalisent les actifs et les retraités et stigmatisent les fonctionnaires", tranche le syndicat. 

"Le point noir du rapport, c'est la proposition d'alignement entre le public et le privé. On demande au gouvernement de ne pas retenir cette piste totalement désavantageuse pour les fonctionnaires", a souligné pour sa part Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, majoritaire chez les enseignants. 

D'autres trouvent qu'elles sont incomplètes...

Pour la CFDT, "face aux inégalités, une réforme de fond" des retraites est nécessaire, a-t-elle estimé. Mais le syndicat réformiste demande des garanties. Pour lui, la durée de cotisation est "le paramètre le plus juste, mais il doit impérativement être limité et accompagné d'un renforcement des solidarités". Pour la centrale, "la poursuite de l'harmonisation des régimes est souhaitable, à condition d'aborder d'une façon approfondie la question des carrières et des rémunérations". Or "la remise en cause des six mois dans le calcul des pensions des fonctionnaires n'est pas de nature à répondre à l'exigence d'équité entre tous les salariés", estime-t-elle. 

"Les mesures fiscales proposées par le rapport sont dépourvues de cohérence d'ensemble", poursuit le syndicat, qui milite en faveur d'"une refonte du barème de l'impôt sur le revenu", ajoute-t-il .

... ou qu'elles ne vont pas assez loin 

C'est le cas du Medef. Sur RTL, Jean-François Pilliard, président de l'Unédic et de la commission Protection sociale de l'organisation patronale, a indiqué qu'il faudrait "agir simultanément sur la durée de cotisation et sur l'âge minimal de départ à la retraite comme l'ont fait la plupart des pays européens".

En revanche, il salue le rapprochement entre les régimes privés et publics : "Nous considérons qu'en matière d'équité et de maîtrise de la dépense de la protection sociale, il est parfaitement légitime de faire en sorte qu'une meilleure cohérence entre les deux régimes".

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