Reprise incertaine en Guadeloupe
Ce matin, les partisans du collectif guadeloupéen LKP ont manifesté devant les portes fermées d'un vaste centre commercial de Baie-Mahault, près de Pointe-à-Pitre. Leur but : contraindre les propriétaires "à signer l'accord" sur l'augmentation de 200 euros des salaires, rejeté par les organisations patronales majoritaires dont le Medef.
"On va faire appel au patron", une grande fortune "béké" (descendants de colons blancs des Antilles françaises), symbole de ceux que le Comité contre l'exploitation dénonce, a expliqué Max Céleste, dirigeant de Combat ouvrier (Lutte ouvrière), membre du LKP, en prévenant: "Même s'il ne signe pas aujourd'hui, les travailleurs se chargeront de faire signer l'accord de gré ou de force".
Dimanche, Elie Domota, leader du collectif LKP, avait douché les espoirs d'une suspension immédiate du mouvement en Guadeloupe, en annonçant que la décision sur la suite de la grève serait prise le lendemain. Il avait également annoncé que le LKP allait "passer d'entreprise en entreprise" pour faire signer le texte.
"Il faut savoir finir une grève", a lancé le préfet de la Guadeloupe Nicolas Desforges cet après-midi sur notre antenne, soulignant que sa poursuite serait "auto-destructrice pour l'île, son économie et son image, voire même pour sa cohésion sociale".
Alors que la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie avait demandé ce week-end au Medef de l'île d'adopter "une attitude responsable" , son président, Willy Angèle, a répliqué en avertissant qu'il serait "très difficile pour les entreprises de prendre l'engagement de se substituer au bout de deux ans aux primes de l'Etat et des collectivités locales" pour assurer les 200 euros d'augmentation prévue des bas salaires.
Dénonçant les "méthodes musclées" du LKP, accusé d'avoir "fermé par la force des entreprises", il a estimé que les dépôts de bilan après la grève devraient "se traduire par 10.000 à 14.000 suppressions d'emplois" , assurant craindre un taux de chômage à "plus de 30%" dans l'île.
En Martinique, les négociations ont repris. Quelque 3.000 manifestants ont défilé ce lundi en soutien au "Collectif du 5 février", qui anime le mouvement depuis 26 jours, juste avant cette reprise.
Après avoir demandé 200 euros puis 250 euros d'augmentation des bas salaires, le président du collectif, Michel Monrose, a lié l'accord sur les salaires à un accord sur les prix dans la grande distribution.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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