Reportage "On a découvert l'inimaginable" : des athlètes français à Auschwitz-Birkenau pour sensibiliser le milieu sportif à l'antisémitisme

Une trentaine de sportifs a été reçue dans le camp de concentration et d'extermination, dimanche, à l'initiative du CRIF. Un voyage marqué par l'absence de certains athlètes.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pour la première fois, une délégation a visité les camps d'Auschwitz-Birkenau, en passant sous le tristement célèbre portail d'entrée. (JEROME VAL / FRANCEINFO)

Un voyage inédit a eu lieu, dimanche 14 janvier, à Auschwitz, en Pologne. Une délégation de sportifs et d'anciens athlètes s'est rendue sur le site où le régime nazi a érigé son plus grand camp de concentration et d'extermination. Une initiative du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour mobiliser le mouvement sportif contre l'antisémitisme, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris.

"Ça prend aux tripes"

De longs silences entrecoupés par le vent glacial et les pas dans une épaisse couche de neige. À Birkenau, les mots peinent à sortir, comme chez l'ancien rugbyman Philippe Sella : "Je suis... pensif... par rapport à une folie quoi... qu'il y a eu dans l'histoire. C'est dur à entendre, ça prend aux tripes." Les baraques de bois, les murs écroulés d'une chambre à gaz. Richard Dacoury, légende du basket à Limoges et parrain de ce déplacement, a le visage figé devant l'horreur de ce vaste cimetière sans tombe.

"Je m'attendais à être ému, c'est au-delà de ce que j'avais imaginé. On a découvert l'inimaginable et je vais avoir un contrecoup, d'ici quelques jours peut-être avant de tout assimiler."

Richard Dacoury

à franceinfo

Comme eux, ils sont une trentaine de sportifs à avoir fait le déplacement en Pologne, et à avoir participé à une cérémonie en souvenir des six millions de victimes juives des Nazis. Ce voyage devait être organisé à l'automne dernier mais la guerre au Proche-Orient a contraint le Crif à le reporter.

L'absence "inacceptable" de certains athlètes

L'important de ce voyage est qu'il "ait lieu", explique son président Yonathan Arfi. Mais sur la trentaine d'athlètes présents, un seul est encore en activité. Cyril Benzaquen disputera en effet dans moins d'un mois un championnat du monde de kickboxing : "Je regrette que les athlètes encore en activité n'aient pas conscience que le fait de faire ça, quand ils sont en contact avec la jeunesse, ça peut avoir un impact."

La trentaine de sportifs présents ont assisté à une cérémonie en hommage aux victimes juives des campS; (JEROME VAL / FRANCEINFO)

Au moment de constituer ce groupe, il y a eu des refus d'athlètes. Inacceptable, s'agace Mickael Jérémiaz, ancien tennisman handisport, dont une partie de la famille a été décimée à Auschwitz :"La jeune génération, dite plus exposée, celle des réseaux sociaux, ceux qui ont des communautés internationales, mixtes, de toutes confessions, ils sont beaucoup à s'être désistés ! Certains par peur, certains par lâcheté, d'autres peut-être par conviction aussi..." Une absence et des questionnements qui avaient déjà été mis au jour le 12 novembre, lors de la marche pour la République et contre l'antisémitisme.

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