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Vidéo Principes républicains : le projet de loi "relève de l'état d'esprit de fracture qui anime le gouvernement", critique Éric Piolle

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Article rédigé par franceinfo
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L'Assemblée examine depuis lundi le projet de loi "confortant les principes républicains". Le maire de Grenoble dénonce un texte "répressif", où il n'est ni question de "mixité sociale, ni de lutte contre les discriminations".

Le projet de loi sur les séparatismes "me semble relever finalement de l'état d'esprit de fracture qui anime aujourd'hui le gouvernement", a déclaré mercredi 3 février sur France Inter Éric Piolle, maire EELV de Grenoble. Le texte, désormais appelé projet de loi "confortant les principes républicains", est examiné depuis lundi par l'Assemblée nationale. "Plutôt que de fracturer, il nous faut aller vers un Beauvau de la confiance", prône l'élu écologiste.

"Est-ce qu'il faut faire une loi sur la laïcité parce que les gouvernements successifs ont négligé d'appliquer les lois précédentes ?", interroge Éric Piolle, qui estime que la loi de 1905 est "vraiment quelque chose d'essentiel pour notre Nation (…) L'arsenal juridique d'aujourd'hui, en fait, n'est pas appliqué, c'est ça qui me frappe."

"En France, nous avons tendance toujours à faire de nouvelles lois pour camoufler l'absence d'actions dans le cadre des lois précédentes."

Éric Piolle, maire EELV de Grenoble

à France Inter

Deuxième élément pointé par le maire de Grenoble : "Notre loi de 1905, comme la loi de 2004 sur l'école et la neutralité à l'école, ont pris le temps. Là, il y a précipitation et cette précipitation est inquiétante sur des sujets aussi majeurs. Et troisième élément, dans cette loi, finalement, on ne retrouve absolument pas l'esprit du discours des Mureaux qui était un petit peu balancé. Là, on a l'impression qu'il n'y a que la dimension de répression. Cela donne une couleur un peu particulière à ce texte".

Le retour de la religion dans l'espace public "nous interpelle"

Éric Piolle juge cette "précipitation dangereuse parce qu'elle continue de fracturer la société et on ne retrouve ni les questions de mixité sociale, ni les questions de lutte contre les discriminations." Dans ce contexte, "évidemment, les musulmans se sentent ciblés. Comment pourraient-ils le faire autrement ?"

Le maire EELV de Grenoble concède tout de même qu'"il y a des choses qui peuvent être intéressantes" dans ce projet de loi, notamment "sur le contrôle des financements ou sur le toilettage des peines depuis la loi de 1905". Mais il dénonce "l'état d'esprit" de ce texte initialement appelé "projet de loi sur les séparatismes". "Le séparatisme, normalement, c'est un séparatisme géographique. Là, on est juste face à une religion qui revient en politique. À un moment où de plus en plus de monde se déclarent non-croyants, le retour de la religion dans l'espace public peut heurter et, évidemment, nous interpelle."

Lutter contre l'impunité

Éric Piolle estime qu'on "est face à la religion en politique, cette volonté de faire confusion de la religion, des modes de vie, de la culture et du champ politique. On lutte contre cela de façon politique, pas par la loi. Par la loi, on va lutter contre le terrorisme. Et puis, du reste, on se donne un cadre, donc ce cadre-là, il me semble c'est un cadre de confiance. Plutôt que de fracturer, il nous faut aller vers un Beauvau de la confiance."

Avec cette proposition, l'élu EELV veut "sortir de l'impunité". "Nous avons 59% de récidive à cinq ans, ça veut dire que notre prison ne nous protège pas. On ne réinsère pas les détenus et donc il faut lutter contre l'impunité", dit Éric Piolle, citant notamment "l'impunité fiscale", "l'impunité de quelques-uns qui, en uniforme, font des violences policières et ne sont pas touchés, ni leur hiérarchie" mais aussi "l'impunité de tous ces ministres qui sont mis en cause".

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