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Enseignant décapité : "Les musulmans français sont laissés à la merci de fanatiques", estime l'écrivain Marek Halter

Les musulmans représentent 10% de la population, souligne-t-il, déplorant que "personne ne s'adresse à eux" et qu'on laisse les fanatiques répandre un virus "aussi dangereux que celui du Covid, la haine".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'écrivain Marek Halter, 1er juillet 2018. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Accompagné de plusieurs personnalités musulmanes, l'imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) a déposé lundi un bouquet de roses blanches devant le collège du Bois d'Aulne où enseignait Samuel Paty, décapité vendredi par un jeune d'origine tchétchène. "Ils ont décapité la tête d'un homme en pleine rue à Paris, pas à Bagdad ! Réveillez-vous, c'est votre avenir qui est en jeu !", a déclaré Hassen Chalghoumi, l'imam de Drancy. "Les musulmans français sont laissés à la merci de fanatiques", a réagi mardi 20 octobre sur franceinfo Marek Halter, écrivain, présent lundi au rassemblement des imams devant le collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines).

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franceinfo : Comprenez-vous sa colère ?

Oui, je comprends sa colère. Il y a six millions, à peu près, de musulmans en France, c'est 10% de la population. Personne ne s'adresse à eux. On ne s'est jamais adressé à ces musulmans français, ils sont laissés à la merci de fanatiques qui leur inculquent un autre virus aussi dangereux que celui du Covid, c'est la haine. Mon rêve c'est de réunir quelques dizaines de milliers de musulmans, des Français d'origine musulmane, place de la République à Paris et qu'ils disent stop, parce qu'ils ne veulent plus voir des minoritaires salir leur religion. On le fera au début de l'année, dès que la maladie nous le permettra. Ils sont là, ils sont prêts à manifester. Ils ont peur, ils ne sont pas reconnus, personne ne leur parle.

Vous avez organisé beaucoup de manifestations, et on a l'impression que rien n'a changé. Étaient-ils moins nombreux ce week-end ?

Ils étaient moins nombreux. Rien n'a changé parce que nous, les non musulmans, nous n'avons pas changé. Le gouvernement, le pouvoir, les politiques, se réveillent d'un seul coup parce qu'un professeur, le passeur d'idées, dans le Coran c'est très important c'est lui qui transmet la connaissance, c'est un prophète, mais la majorité ne le sait pas parce qu'ils ne lisent pas le Coran, a perdu sa tête. D'un seul coup, la France se réveille et en se réveillant les musulmans sont abasourdis puisque personne ne leur a parlé à part quelques imams. L'imam de Drancy est sous protection policière.

Les fleurs et les bougies n'ont jamais gagné une guerre, a déclaré François-Xavier Bellamy dans Le Figaro. Que lui répondez-vous ?

Les fleurs et les bougies n'ont pas changé le monde mais ont amélioré ceux qui les allument et les déposent.

Chaque individu a une conscience, cette conscience, il faut l'entretenir, c'est comme les fleurs. Si on ne les arrose pas on perd la conscience du bien et du mal et on accepte tout.

Marek Halter, écrivain

à franceinfo

Pendant la guerre, quand je suis arrivé en France en 1950, j'étais surpris de voir en France que des gens ont accepté l'inacceptable parce qu'il n'y avait personne pour entretenir la conscience. J'appelle ça la vigilance de proximité.

Emmanuel Macron prononcera un discours  mercredi. Qu'en attendez-vous ?

Je l'aime bien mais je n'aimerais pas être à sa place. Il est seul. J'attends qu'il prononce quelques mots qui puissent être repris. Des mots pour l'Histoire et facile à reprendre, il ne faut pas qu'ils soient trop compliqués. Vigilance de proximité. J'attends ce slogan positif et j'espère qu'on l'entendra tous.

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