Le futur pape Jean-Paul II dissimulait des affaires pédocriminelles en Pologne, selon une enquête journalistique
Le cardinal Karol Wojtyla était au courant d'affaires de pédocriminalité dans l'Eglise polonaise avant qu'il ne soit élu pape Jean-Paul II en 1978. C'est ce que révèle une enquête journalistique présentée dimanche 5 mars, témoignages à l'appui, par la télévision privée polonaise TVN. Alors qu'il était cardinal et évêque de Cracovie, Karol Wojtyla transférait d'une paroisse à l'autre les prêtres de son diocèse, accusés d'actes de pédocriminalité, pour éviter le scandale, selon l'auteur de l'enquête, Michal Gutowski.
Un des prêtres a été envoyé par le futur pape en Autriche. Le cardinal Wojtyla a, dans ce cas, écrit une lettre de recommandation au cardinal de Vienne Franz König, sans l'informer des accusations pesant sur le prêtre. Dans le cadre de l'enquête, le journaliste a rencontré des victimes de prêtres pédocriminels, leurs proches, ainsi que d'anciens employés du diocèse. Il cite aussi des documents de l'ancienne police secrète communiste SB et de rares documents de l'Eglise auxquels il a pu accéder. Le diocèse de Cracovie lui a refusé l'accès à ses archives, selon le journaliste.
"Il a dit qu'il s'en occuperait"
Souhaitant garder l'anonymat, un témoin a confirmé avoir personnellement rapporté au cardinal Wojtyla les actes pédocriminels d'un prêtre en 1973. "Wojtyla voulait d'abord s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un bluff. Il a demandé de ne le rapporter nulle part, il a dit qu'il s'en occuperait", a déclaré cet homme, ajoutant que le cardinal lui avait explicitement demandé si l'affaire pouvait rester étouffée.
"Ce que vous avez découvert est révolutionnaire car cela montre ce que beaucoup de gens soupçonnaient depuis des années, que Jean-Paul II savait que ce problème existait avant même qu'il ne devienne pape", a déclaré dans le reportage Thomas Doyle, ancien prêtre catholique américain, spécialiste du droit canonique et auteur d'un des premiers rapports sur les abus du clergé catholique aux Etats-Unis. "Il devait savoir mais il n'y avait pas de preuves. Et là, on a une preuve", a-t-il relevé.
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