Des responsables musulmans critiquent la polémique sur le burkini

"C’est un mauvais débat", assure Amar Lasfar. Interrogé par 20 Minutes, le président national de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et recteur de la mosquée de Lille Sud a regretté la récente polémique sur le burkini. "Depuis des années, dit-il, on essaie de s’attaquer à la radicalisation et au terrorisme, de dire aux musulmans que la France ne les persécute pas, et ce genre de débat et de décision d’interdiction a l’effet inverse."

A l'instar de Nice et Fréjus, plusieurs communes balnéaires du sud-est de la France ont multiplié les arrêtés interdisant le port sur leurs plages de ce vêtement prévu pour se baigner et qui ne laisse apparaître que le visage. Dans une lettre adressée à Manuel Valls, Christian Estrosi, premier adjoint Les Républicains à la mairie de Nice, estime que "la dissimulation intégrale du visage ou le port d'une tenue intégrale pour aller à la plage ne correspond pas à notre idéal de la relation sociale".

"Une question de liberté, pas de culte"

Le président national de l'UOIF explique ainsi que "le burkini ne fait pas partie du culte musulman". Et souligne qu'à titre individuel, il ne prône pas le port du burkini. Mais pour le responsable religieux, le cœur du débat n'est pas là. "Pour moi ce n’est pas une question de culte, mais une question de liberté, réplique Amar Lasfar. Mais qu’on me dise quelle différence il y a entre une tenue de plongée et le burkini."

"Ça suffit maintenant. On est en train de monter en épingle", déplore également Abdallah Zekri, au micro de BFMTV. Le président de l'Observatoire contre l'islamophobie au CFCM se déclare "excédé par tout ce que j'entends, les musulmans, le halal, la burqa..."

Ce climat n'est pas bon, pas propice au calme ni au vivre ensemble, et il faudrait à un moment siffler la fin de la récréation

Mais les polémiques qui agitent la France sur le port du burkini dépassent désormais les frontières. Un imam italien a posté vendredi 19 août, sur son profil Facebook, la photo d'un groupe de religieuses en habit et voilées sur une plage, sans poster de commentaires. Critiqué, Izzedin Elzir, qui est aussi le président de l'Union des communautés islamiques d'Italie (UCOII), a déclaré à la télévision italienne vouloir créer un "débat positif" et "répondre à ceux qui disent que nos valeurs occidentales sont différentes dans la manière de s'habiller et de se couvrir le corps".