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Danemark : que prévoit la nouvelle loi décriée sur le délit de blasphème ?

Ce texte intervient après les troubles suscités dans des pays musulmans à la suite des profanations du Coran au Danemark et en Suède. Si Copenhague récuse les accusations de vouloir limiter la liberté d'expression, plusieurs voix s'élèvent, dont celle de Charlie Hebdo.
Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre danois des Affaires étrangères Lars Loekke Rasmussen, le ministre de la Justice Peter Hummelgaard et le vice-Premier ministre Jakob Ellemann-Jensen ont présenté un projet de loi interdisant de brûler le Coran, le 25 août 2023 à Copenhague. (MARTIN SYLVEST / RITZAU SCANPIX)

Le gouvernement danois l'affirme : il n'est pas question de réactiver littéralement le délit de blasphème.. Le pays a présenté à la fin du mois d'août un projet de loi pour interdire les autodafés du Coran, après des profanations du livre saint de l'islam qui ont entraîné des tensions dans plusieurs pays musulmans.

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Plus largement, la question du blasphème est ainsi évoquée. Et plusieurs voix s'élèvent, dont Charlie Hebdo. L'hebdomadaire satirique français met ainsi à la une de l'édition du 6 septembre un appel à protester contre le rétablissement du délit de blasphème, en collaboration avec huit médias scandinaves.

C'est au Danemark en 2005 qu'avait débuté la "crise des caricatures" après la publication de dessins humoristiques de Mahomet dans la presse, une crise qui avait eu des répercussions considérables dans le monde arabo-musulman et motivé l'attentat djihadiste commis contre la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015.

Un retour au délit de blasphème ?

Toutefois, les autorités danois l'assurent : il s'agit uniquement d'interdire "le traitement inaproporié d'objets à signification religieuse importante pour une communauté religieuse". En d'autres termes, il s'agit d'empecher la profanation matérielle, par autodafé ou encore par piétinement, par exemple, d'un Coran, d'une Bible, d'une Torah, ou encore d'un crucifix notamment... La loi prévoit ainsi des peines allant jusqu'à deux ans de prison.

Mais le blasphème "verbal ou écrit" ne sera pas concerné par cette loi, jurent les autorités danoises, et notamment les caricatures, a précisé le ministre de la Justice, Peter Hummelgaard, à la fin du mois d'août, affirmant que le Danemark continuait à revendiquer son fort attachement à la liberté d'expression, malgré les critiques de certains partis de l'opposition qui estiment qu'il la néglige. Il y a six ans, le Danemark avait abrogé le délit de blasphème, une disposition vieille de 334 ans qui sanctionnait les insultes publiques envers les religions. 

Rassemblements en Irak

Le gouvernement danois entend inclure cette loi dans le chapitre 12 du code pénal consacré à la sécurité nationale, après les profanations du Coran cet été au Danemark et en Suède. Des actes qui ont eu des conséquences importantes, en Irak notamment où des manifestants, dont des partisans de l'influent leader religieux Moqtada Sadr, avaient essayé de marcher sur l'ambassade du Danemark après avoir attaqué l'amabssade de Suède quelques jours plus tôt à Bagdad. Des troubles suivis de l'expulsion de l'ambassadrice suédoise, la suspension de la licence en Irak de la compagnie de telecom Ericsson, entre autres. 

Le chef de la diplomatie danoise estime que les autodafés du Coran ont été déclencheurs d'une colère internationale qui a est, selon lui, difficile à contenir. Après ces troubles, le pays avait un temps renforcé ses contrôles aux frontières, avant de revenir à la normale le 22 août. 

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