Recensement : le maire d'Autun dénonce "un vrai risque de sous-évaluation" de la population de sa commune
La campagne 2017 du recensement de la population française commencera jeudi. Mais des voix s'élèvent contre les méthodes de calcul de l'Insee, dont celle du maire d'Autun, en Saône-et-Loire.
La campagne 2017 du recensement de la population commencera jeudi en France métropolitaine, aux Antilles et en Guyane, et le 2 février à la Réunion. Mais les méthodes de calcul de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sont contestées par plusieurs maires. C'est le cas du maire d'Autun, en Saône-et-Loire. Invité de franceinfo mardi 17 janvier, Rémy Rebeyrotte explique qu'il y a "un vrai risque de sous-évaluation" de la population de sa commune. Un risque qui peut être lourd de conséquences puisque les chiffres de l'Insee sont utilisés pour calculer la dotation globale de financement (DGF) notamment et donc le budget des communes.
Franceinfo : Pourquoi la méthode calcul de l'Insee est-elle contestable selon vous ?
Rémy Rebeyrotte : Tout simplement parce que c’est une méthode qui n’a pas fait ses preuves et qui nous pose d'énormes difficultés. C’est une magnifique entreprise de transfert de charge vers les collectivités puisqu’en réalité, aujourd’hui, c'est à nous de travailler sur le répertoire d’immeubles localisés (RIL) pour qu'il soit parfaitement et en permanence mis à niveau avec les nouvelles constructions, avec celles qui ont disparu, etc. C'est un travail assez considérable qui nécessite quasiment un poste à un poste et demi de personnes qui aujourd'hui, en plus des agents recenseurs, travaillent chaque semaine sur la question du recensement. En gros, l’Insee ne tient plus que la calculatrice. Deuxièmement, nous ne sommes pas d’accord sur la manière dont ensuite l’Insee interprète ce répertoire d’immeubles localisés.
Ce qui veut dire que l’Insee sous-évalue la population de votre commune ?
On pense qu’il y a un vrai risque de sous-évaluation. C’est d’autant plus vrai dans des communes comme la nôtre où nous avons mis en place un plan de renouvellement urbain (PRU), c'est à dire gelé à un moment des logements dans des immeubles, puis démoli, mais seulement avec un temps de retard, les immeubles en question pour reconstruire de nouveaux bâtis. Nos communes sont déjà fragilisées par le fait qu’elles doivent faire ce PRU et paradoxalement cela joue à la baisse de leur population et donc à la baisse de leurs moyens. En faisant de la requalification urbaine, vous êtes en réalité pénalisés par la méthode de l’Insee.
Cela a-t-il eu un impact sur les dotations de l'Etat que vous recevez ?
Bien-sûr ! C’est une méthode qui, notamment quand on est dans un programme de renouvellement urbain, est contraire à l’intérêt général des populations. Et puis, quand on recoupe avec d’autres chiffres, sur les naissances, ou sur les assurés sociaux, on ne retombe pas non plus sur les données que nous propose l’Insee. C’est de tout cela qu’on va débattre dans quelques jours avec le directeur régional de l’Insee.
Que pensez-vous de la position du maire d’Issoudun, dans l’Indre, qui a carrément décidé de refuser le recensement cette année ?
Je le comprends parfaitement. Nous l’avions fait l’an dernier jusqu’à la dernière minute et finalement, en échange d’un travail au plus près avec les services de l’Insee et avec la préfecture, on avait repris la voie du recensement. Nous avons aussi travaillé avec un cabinet spécialisé sur ces questions-là. Visiblement, on commence à nous écouter, mais je suis prudent. L’automutilation ça suffit. On ne peut pas nous demander de payer des méthodes qui sont complètement inadaptées aujourd’hui à la situation.
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