La journaliste Nassira El Moaddem harcelée par l'extrême droite sur les réseaux sociaux

La journaliste du site Arrêtsurimages.net est visée par une campagne de haine initiée par un député du Rassemblement national depuis qu'elle a qualifié la France de "pays de racistes dégénérés" sur les réseaux sociaux.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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La journaliste Nassira El Moaddem, le 14 septembre 2016 à Bondy. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Regardez la fréquence des messages de haine pour que vous compreniez", a-t-elle commenté, jeudi 2 mai, sur le réseau social X. Nassira El Moaddem, journaliste à la rédaction du site Arrêtsurimages.net, est la cible d'une campagne de cyberharcèlement après des propos tenus sur la chaîne CNews par le député d'extrême droite Julien Odoul en réaction à un message posté par l'autrice.

"Pays de racistes dégénérés. Il n'y a pas d'autres mots. La honte", avait écrit Nassira El Moaddem mardi sur X, en réaction à une lettre adressée par la Fédération française de football aux présidents de clubs rappelant, "au nom du principe de neutralité et de laïcité", l'interdiction pour les joueurs de porter des casques ou des collants en l'absence de "raison médicale avérée".

Sur le plateau de CNews, l'élu du Rassemblement national a invité Nassira El Moaddem – qui est de nationalité française – à quitter la France en ces termes : "Si elle n'est pas contente, elle se casse." Le député a également demandé "à la patronne de Radio France de la suspendre parce que cette dame est payée avec l'argent des Français". L'émission "Touche pas à mon poste !" sur C8, autre chaîne du groupe Bolloré, a elle aussi consacré une séquence au tweet de la journaliste. "Doit-elle être suspendue de Radio France ?" a ainsi demandé Cyril Hanouna à ses chroniqueurs.

Des élus et des médias lui apportent leur soutien

Nassira El Moaddem n'est pourtant "ni journaliste sur France Inter, ni salariée de Radio France. Elle a ponctuellement collaboré à deux séries d'été pour France Inter en 2021 et 2022. Dès lors, ses propos communiqués via son compte Twitter ne peuvent en aucun cas nous engager", a répondu la direction de France Inter dans un communiqué. "Je l'ai dit de vive voix ce matin à Nassira El Moaddem et je le redis ici : les attaques racistes qu'elle subit sont inacceptables. Elle a tout mon soutien", a souligné Adèle Van Reeth, la directrice de la radio, sur le réseau social X.

"'Touche pas à mon poste', Hanouna, CNews et toute la sphère d'extrême droite Bolloré savent que je ne travaille plus pour Radio France. La vérité n'est pas leur problème. Leur objectif, faire un strike : harceler une Arabe et s'en prendre au service public de l'information", a encore réagi Nassira El Moaddem sur X.

Plusieurs sociétés de journalistes, de nombreux médias, des personnalités publiques et des associations ont apporté leur soutien à la journaliste. "Toute la rédaction se joint à son rédacteur en chef, Paul Aveline, pour dénoncer le harcèlement raciste que subit notre collègue de la part de l'extrême droite, relayée par les médias Bolloré", souligne Arrêt sur Images

Des élus de gauche dont Sandrine Rousseau, Olivier Faure, François Ruffin, Karima Delli ou Laurence Rossignol ont également apporté leur soutien à la journaliste.

Le Canard enchaîné, les sociétés des journalistes de Télérama, de Mediapart.fr, de Radio France, de franceinfo.fr ou encore la société des rédacteurs du Monde ont aussi exprimé leur solidarité à leur consœur.

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