"Racisme anti-blanc" : Copé a-t-il ouvert une brèche à l'UMP ?
Nicolas Sarkozy a toujours refusé de l'assumer. Sa chasse sur les terres du Front
national n'était pas très discrète, mais Jean-François Copé semble vouloir aller
encore plus loin que son mentor. Dans son dernier livre, Manifeste pour une droite
décomplexée , il dénonce un "racisme anti-blanc" dans
les quartiers difficiles et use d'un vocabulaire autrefois réservé au parti
d'extrême droite.
Des propos qui trouvent un écho à l'UMP
Depuis,
le secrétaire général de l'UMP martèle sa pensée. Mercredi soir, lors d'un
meeting à Valence, il a enfoncé le clou en reprenant des thèmes et une
rhétorique frontiste : "la montée des intégrismes, la
sécurité, l'immigration. On ne va pas en parler ? Ah si on va en parler ! Et on
va dire ce qu'on pense !"
Ce
coup de barre à droite de
Jean-François Copé semble séduire. Patrick Labaune, député UMP de la
Drôme, l'a accueilli mercredi soir, sans aucun complexe : "Moi, je suis contre toute
immigration maintenant". Le mot
est lâché, sans ambigüité. Les 600 militants
applaudissent.
Les
propos de Jean-François Copé trouvent aussi un écho chez des ténors de l'UMP.
Ainsi Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, a estimé jeudi que le
"racisme anti-blanc" dénoncé par Jean-François Copé est "une réalité" et qu'il n'y a "rien de pire pour une
société" qu'une situation où les élites dissimuleraient la vérité.
Fillon appelle à ne pas "copier les extrémistes"
Dans
le camp de François Fillon, on ne dénonce pas mais on préfère
prendre de la hauteur. L'ancien Premier ministre a réagi jeudi après-midi dans une interview au site Atlantico. "Ce n'est pas en copiant les extrémistes que nous convaincrons nos électeurs ni
mêmes ceux qui votent pour le Front national ", a estimé François Fillon. "Pour être fort, il faut être cohérent avec ce que l'on croit et ce que l'on
veut pour la France ".
L'ancien Premier ministre a aussi jugé qu'il "ne faut pas se replier sur une case politique et idéologiqu e ". Et François Fillon d'ajouter que "la question n'est pas non plus d'imaginer des alliances partisanes avec la
firme Le Pen qui ne tiendraient ni par des valeurs partagées ni par un programme
commun ".
Un peu plus tôt, Valérie Pécresse, l'un des soutiens de l'ancien Premier ministre, avait déclaré sur LCI qu'on "ne doit pas être seulement dans la dénonciation de certains phénomènes, on doit
être surtout dans la proposition ". Mais elle assumait aussi le fait d'aller
chercher les électeurs du FN. "Pour rassembler plus de 50% des Français, il faut
récupérer les électeurs tentés par le Front nationa l " et "en même temps, ne pas
perdre le centre ", a-t-elle expliqué.
Des
propos qui agitent l'UMP
Au
sein du parti, l'expression "racisme anti-blanc" provoque en tout cas des remous. Certains rejettent même fortement les propos, comme Henri Gaino. "Ce n'est pas une façon de faire
de la politique. On n'est pas là pour accroître les tensions" , a pesté
jeudi l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. "Je pense qu'il ne faut pas dire
des choses comme ça", ajoute-t-il.
Les
propos de secrétaire général du parti sont en tout cas dans toutes les têtes jeudi à
Marcq-en-Barœul, près de Lille, où l'UMP
tient ses journées parlementaires.
Le FN se frotte les mains
En attendant si un parti a tout à y gagner, c'est celui de Marine Le Pen. La
présidente du FN était mercredi soir sur RTL. " Ça confirme que la base de
l'UMP se sent beaucoup plus proche de nos positions que de celles des
dirigeants de l'UMP. C'est du Copé collé " , a-t-elle ironisé. Avant d'aller
plus loin : "J'ai fini par me poser la question si il
n'y a pas plus de racisme anti-blanc et anti-français que de l'autre racisme
que l'on combat par toutes ses formes."
Cherche-t-elle à ce que Jean-François Copé aille
encore plus loin ? Une chose est sûre, elle caresse toujours son rêve :
devenir la seule force d'opposition à droite.
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