Quand les "Tanguy" expliquent pourquoi ils ont dû revenir vivre chez leurs parents
Une étude de la Fondation Abbé Pierre révèle que 4,5 millions de personnes majeures vivaient chez leurs parents en 2013 alors que 32% d'entre eux avaient pourtant un emploi ou étaient en apprentissage rémunéré.
C’est un "phénomène de masse" : les jeunes majeurs, âgés de 18 à 34 ans, qui sont hébergés chez leurs parents, sont de plus en plus nombreux, selon l’étude de la Fondation Abbé Pierre, publiée le 5 décembre. En 2013, ils étaient 338 000 dans ce cas, soit 20% de plus qu’en 2002. Loin du cliché du "Tanguy" - du nom du film sorti en 2001 - qui ne veut pas quitter le rassurant foyer familial, cette cohabitation parents-enfant est souvent contrainte par une situation financière compliquée. Même lorsque les jeunes ont un emploi. Francetv info a recueilli les témoignages de certains d'entre-eux.
"Même si ce n'est pas la meilleure solution, c'est toujours une solution de secours"
Amélie aimerait bien avoir son propre appartement, son indépendance, et ainsi suivre son rythme de vie, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. A peine diplômée, cette jeune graphiste d'Ile-de-France doit encore rembourser son crédit étudiant. Alors si elle vit chez ses parents, c'est surtout par nécessité. "Même si ce n’est pas la meilleure solution, car on a envie de voler de ses propres ailes un jour, c’est toujours une solution de secours", considère Amélie.
"Pour louer un studio, là où je travaille, c’est minimum 700 euros par mois. Et avec mon crédit étudiant, je n’aurais plus grand chose pour vivre. Alors je préfère attendre et mettre des sous de côté. Pour l'instant, je fais l'écureuil, j'amasse", glisse-t-elle. Une situation qui ne pose pas de problèmes à ses parents. Du coup, elle accepte les contraintes et se réjouit d'économiser le gîte et le couvert encore quelque temps. "Les sous qu'il me reste, je les mets de côté ou je me fais un ciné", confie-t-elle.
"Je pensais que ce serait temporaire, et j'y suis restée trois ans"
Marie-Line a dû retourner chez ses parents quand elle a décidé de changer de vie. "Après avoir fait mes études et travaillé une dizaine d’années en région parisienne, j’ai eu envie de retourner en Franche-Comté, ma région natale, et je me suis réinstallée chez mes parents le temps de retrouver un emploi, raconte la jeune femme de 32 ans. Je pensais que ce serait temporaire, maximum un an, et j’y suis restée trois ans."
Comme 61% des 25-34 ans concernés par ce phénomène, selon la Fondation Abbé Pierre, Marie-Line a dû regagner le foyer familial par contrainte. Elle a dû s’adapter au rythme de vie et aux habitudes de ses parents. "Chez eux, on mange à des heures fixes", s’amuse Marie-Line. Mais ce n'était pas une épreuve. "La cohabitation s’est bien passée, parce qu’ils n’étaient pas toujours sur mon dos. Sinon, je pense que je serais partie plus tôt, notamment grâce à mon chômage, explique celle qui est devenue factrice. Mais ça m’a permis de mettre des sous de côté pendant trois ans et d’acheter un appartement dès que j’ai signé un CDI."
"Tant que je n’arrête pas avec mes voyages, je ne pense pas que je vais partir de chez mes parents"
Flore, jeune active de 25 ans qui enchaîne les CDD, n'envisage pas, elle, encore d'acheter un appartement. Cette diplômée d’école de commerce partage, avec sa sœur, un appartement qui appartient à leur père, au-dessus du logement de ce dernier. Même si elle jouit d'une certaine indépendance, son père possède toujours les clés. "Il ne les utilise plus aussi souvent qu'avant, heureusement", sourit-elle. La jeune femme aimerait bien, toutefois, ne plus dépendre de lui. Mais elle se satisfait d'autant plus de ce confort financier que son père ne lui met aucune pression pour quitter son appartement parisien. "Il m'assure qu'il nous offre ce logement pour qu'on puisse réaliser ce dont on a envie", rapporte Flore.
"Et tant que je n’arrête pas avec mes voyages, je ne pense pas que je vais partir de chez mes parents, même si j’en ai envie. Je dois d’abord avoir une situation stable”, poursuit Flore. Mais elle n’est pas encore prête à renoncer à ces escapades qu'elle affectionne tant. Et quand elle quittera cet appartement, ce sera pour une colocation ou un appartement transitoire, confie-t-elle.
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