: Vidéo Escort girl sur internet, "c'est comme sur un site de vente d'automobiles d'occasion"
A 32 ans, cette fonctionnaire que nous appellerons Deborah exerce une autre activité, lucrative : depuis plusieurs années, elle est aussi escort girl. Sur internet, son profil comptabilise des dizaines de milliers de vues, grâce à son abonnement à une plateforme. Elle témoigne pour un document de "Complément d'enquête" à voir le 12 mars 2020, qui met au jour un système redoutablement efficace.
"Moi, je ne me considère pas comme une prostituée, affirme-t-elle. Dans ma démarche, le mot 'escort' est tout à fait approprié à mon état d'esprit quand je rencontre mes partenaires." Après des mois de travail sur la prostitution en ligne, les journalistes de "Complément d'enquête" ont pu rencontrer plusieurs escort girls qui travaillent via internet – comme Deborah, fonctionnaire et... prostituée à ses heures perdues.
La jeune femme vit en couple, mais n'a pas mis son compagnon au courant de cette activité. Pour aller à ses rendez-vous, elle se déplace dans une voiture d'occasion, vêtue le plus discrètement possible. Si elle a accepté de témoigner (à visage caché), c'est pour, dit-elle, "montrer que la profession d'escort n'est pas forcément quelque chose de glauque".
Le prix de la visibilité sur le net
Pourquoi se prostituer quand on a un emploi stable ? Deborah évoque son goût pour le libertinage, et aussi des projets immobiliers : un prêt pour lequel son salaire était insuffisant. Son second "métier" lui aurait permis d'amasser environ 100 000 euros. Une petite fortune, rendue possible parce que cette escort girl est très bien référencée sur internet, où son profil affiche des milliers de vues.
Cette visibilité a un prix : la jeune femme verse chaque mois 330 euros à l'un des deux principaux sites d'escorting en France. "C'est littéralement de la publicité", explique Victor, un jeune informaticien qui a travaillé avec le magazine pour cette enquête. Deborah, elle, voit le site qui la référence "comme un prestataire de services. C'est comme quand on poste une annonce, par exemple, sur un site de vente d'automobiles, pour vendre notre automobile d'occasion. Si on veut qu'elle soit en première page, visible dès le premier clic, etc., il faut payer".
Abonnement premium, formule VIP...
Pour les escort girls comme pour leurs clients, les gestionnaires du site ont pensé à tous les cas de figure : abonnements premium pour cinq jours, pour une semaine ou un mois, formule "Girl of the Day", ou "VIP" à 20 euros la journée. C'est cette dernière formule qu'a choisie Lola, une autre escort girl qui témoigne pour ce document. Elle paie "des prestations en plus pour être en 'VIP' : 574 euros pour soixante jours. Là, ça me dit qu'il me reste cinq jours encore en VIP, et après, ça me propose d'acheter plus", explique-t-elle.
L'escorting en ligne, une véritable place de marché sur laquelle se retrouvent les prostituées et leurs clients, une plateforme de vente en ligne où les femmes défilent comme des objets à vendre – et se comparent elles-mêmes à des voitures d'occasion.
Extrait de "Escort girls, 'sex tours' : les maisons closes du net", un document de "Complément d'enquête" à voir le 12 mars 2020.
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