Surpopulation carcérale : "On peut comprendre la requête des détenus" contre l'État pour "mise en danger d'autrui"
Joaquim Pueyo, député Nouvelle Gauche et ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), a expliqué, mardi sur franceinfo, comprendre la démarche de quatre détenus de la prison nîmoise, qui ont cités l'État à comparaître pour "mise en danger d'autrui".
Le tribunal correctionnel de Nîmes, dans le Gard, s'est déclaré incompétent, mardi 26 septembre, face à la procédure engagée par quatre détenus, qui avaient cité l'État à comparaître pour "mise en danger d'autrui". L'objectif est de dénoncer les conditions de détention à la maison d'arrêt nîmoise.
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"On peut comprendre la requête des détenus", a lancé sur franceinfo, mardi soir, Joaquim Pueyo, député Nouvelle Gauche et ancien directeur de la prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne.
franceinfo : L’État doit répondre de ses responsabilités dans la situation ?
Joaquim Pueyo : On peut comprendre la requête des détenus parce qu’actuellement, en France, il manque près de 10 000 places. Vous entassez les détenus dans les cellules. Cela a des conséquences très graves sur les conditions de détention des détenus, mais aussi sur les conditions de travail des personnels. C’est donc un mal endémique que nous dénonçons depuis plusieurs années. Il est grand temps d’augmenter le nombre de places de façon à réduire la surpopulation carcérale. Les conséquences sont innombrables en termes d’agressivité, de radicalisation, de racket, à tous les niveaux. Il est urgent de programmer ce que le gouvernement a décidé de faire.
Est-ce que construire plus de prisons est la solution ?
Ce n’est pas que la solution. Mais, de manière générale, il faut améliorer les conditions de détention. Il y a une vieille loi du 19e siècle qui prévoyait un détenu par cellule. Mais, il y a des aménagements de peine, donc on ne peut pas dire que tous ceux qui sont condamnés à une peine d’emprisonnement sont en prison. Ce n’est pas suffisant encore, il faut renforcer à court terme les aménagements de peine. Le ministère de la Justice doit mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que les décisions de justice soient exécutées de manière juste. Et là, pour l’instant, ce n’est pas juste lorsque vous mettez plusieurs détenus dans une cellule.
Existe-t-il encore un sentiment dans la classe politique qu’exécuter sa peine sans aller en cellule c’est quelque part ne pas être puni ?
Nous sommes un système qui individualise l’exécution des peines. Il faut donc tenir compte des personnalités et les conditions dans lesquelles les faits ont été effectués. Quand on regarde en termes de récidive, les détenus qui ont une mesure de libération conditionnelle récidivent moins parce qu’il y a une prise en charge par les services de probation. Il faudrait renforcer ces services. On est trop frileux sur la semi-liberté qui est une mesure très intéressante, qui permet à l’individu de travailler. Je pense à tous ceux qui effectuent une peine de moins de deux ans. Il y a moins de récidive lorsqu’un détenu est accompagné dans sa vie personnelle.
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