Cet article date de plus d'un an.

Karting en prison : un "événement exceptionnel" qui "n'a pas coûté un sou à nos impôts", rappelle la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

L'émission "Kohlantess", le "Koh-Lanta des cités", a été organisée fin juillet au sein de la prison de Fresnes. Des images d'épreuve de karting tournées dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire suscitent la polémique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran de l'épreuve de karting de Kohlantess au sein de la prison de Fresnes, le 27 juillet. (CAPTURE ECRAN FRANCE 2)

La compétition "KohLantess", organisée à la prison de Fresnes fin juillet et dont la diffusion des images suscite la polémique, est "un événement exceptionnel" qui n'a "pas coûté un sou à nos impôts, au contraire des 110 euros par jour que nous coûte chaque détenu", a tenu à rappeler ce dimanche 21 août sur franceinfo Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. "La réinsertion passe par tout ce qui peut faire du bien à des gens enfermés 22 heures sur 24 en cellule", a-t-elle également affirmé.

franceinfo : Les images de "KohLantess" vous ont-elles choquée ?

Dominique Simonnot : Pas du tout. Non seulement elles ne m'ont pas choquée, mais je les ai trouvées plutôt bon enfant. Pour une fois que détenus et surveillants peuvent rire ensemble et peuvent en plus agir pour une bonne cause, parce qu'il s'agissait de donner de l'argent à trois associations caritatives qui s'occupent d'enfants, je ne vois pas où est le mal. Il s'agit d'une journée dans la vie de gens entassés à trois par cellule 22 heures sur 24. 

"Je n'appelle pas cela une colonie de vacances, mais un événement exceptionnel. Il n'a d'ailleurs pas coûté un sou à nos impôts, au contraire des 110 euros par jour que nous coûte chaque détenu, puisque la production a tout payé".

Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

à franceinfo

Vous ne comprenez donc pas l'existence de cette polémique ?

Je comprends que cela puisse choquer quand on est de mauvaise foi. Les gens qui connaissent la prison savent que les activités, comme le cheval et les sorties en VTT, y sont très nombreuses. Ce qui gêne, c'est que les images soient publiées. C'est toujours pareil dans notre pays : quand les choses sont rendues publiques, ça devient terrible.

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti estime que "la lutte contre la récidive passe par la réinsertion mais certainement pas par le karting". Qu'en pensez-vous ?

Je pense que la réinsertion ne passe en tout cas pas par le fait d'être entassé à trois par cellule comme à Fresnes, couvert de punaises de lit et de cafards qu'on respire quand on dort par terre sur les matelas au sol, avec des rats dans la cour. 

"Le véritable scandale, c'est la surpopulation carcérale et les suicides en prison. La réinsertion passe donc par tout ce qui peut faire du bien à des gens enfermés 22 heures sur 24 en cellule".

Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

à franceinfo

Et ce genre de manifestation évite, à mon avis, beaucoup de violences entre détenus et surveillants, mais aussi entre détenus.

Le délégué du syndicat Force ouvrière à la prison de Fresnes a demandé sur franceinfo la démission du directeur de la. Qu'en pensez-vous ?

Si je pouvais, je le féliciterais. S'il a organisé cet événement, c'est qu'il estimait pouvoir le faire. Et j'ajoute qu'il y a eu des autorisations au plus haut niveau, parce qu'un événement comme celui-là ne s'improvise pas.

Quelles conséquences la diffusion de ces images peut-elle avoir selon vous ?

J'ai peur qu'elle ait surtout une action très négative, en limitant les sorties, les matchs et les compétitions en prison, qui permettent pourtant de réconcilier un peu tout le monde. Parce que les conditions de détention sont horribles pour les détenus, et les conditions de travail affreuses pour les surveillants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.