"Ici il y avait un portique, où on passait pour la fouille" : visite de la maison d'arrêt de Compiègne avec un ancien détenu, avant la vente du bâtiment par l'État
Cette prison de 4 250 m² située dans un quartier résidentiel de la ville est mise en vente par l'État à partir de lundi.
Quand l'État se sépare de ses biens, cela donne des annonces immobilières originales. La maison d'arrêt de Compiègne (Oise) est vendue à partir du lundi 21 septembre. Cette prison construite en 1867 est inoccupée depuis cinq ans. Pour l'instant, 14 personnes sont en course pour acheter ce bâtiment situé dans un quartier résidentiel assez cossu. Un bien de 4 250 m² qui est évidemment particulier à visiter.
À l'entrée de ce lieu datant du XIXe siècle, il y a la grande porte verte et le mur d’enceinte. Après avoir passé quatre mois en détention dans cette prison, Frédéric, 57 ans, revient sur les lieux, qu'il connaît parfaitement. "On rentre ici, et quand on partait par exemple voir le juge, ils nous mettaient là, ils nous déshabillaient, ils nous fouillaient, décrit-il. Ici il y avait un portique, où on passait pour la fouille, et on remontait pour regagner nos cellules", se souvient-il. Des cellules où toutes les serrures ont été enlevées, mais où les tags et les messages laissés par les détenus tapissent encore les murs.
Dans la cour de promenade, la végétation a poussé et des plantes ont investi les allées. Les barbelés tout autour sont toujours là. "C'est quand même assez dur. Moi j'avais la chance de connaître pas mal de monde, ils m'appelaient 'l'ancien' et me laissaient tranquille, explique Frédéric. Mais il s'est quand même passé des choses, il y a eu des viols et des gens qui se sont fait ouvrir la gorge avec des rasoirs, poursuit-il. C’est une vie qui n’est pas très simple..."
Un bâtiment transformé en habitation
Malgré toutes ces histoires, ce bâtiment va donc être transformé par le futur acheteur en logements d’habitation. Il s’agit d’une "vente dynamique" comme l'explique Stéphane Régula, qui détient les clés de la prison, et "pas une vente aux enchères puisque l’État reste maître de la décision de choisir le candidat".
L’acheteur "sera effectivement retenu au travers de son offre financière mais également de la qualité de l’opération qu’il envisage de réaliser sur le site", poursuit le responsable du service locale des domaines. En tout cas, pour s'acheter cette prison sachez que le prix de départ est de 527 000 euros.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.