Présidentielle : 5 candidatures médiatiques qui ont fait l'histoire (ou pas)
D'Eric Cantona, tout nouveau prétendant aux 500 signatures, à Coluche, en passant par la plantureuse Marlène ou le cancérologue Victor Izrael, tour d'horizon de candidats plus porte-voix que politiques.
Chaque élection présidentielle donne lieu à d'étonnantes candidatures. Outre les postulants hors normes, des personnalités médiatiques ont à plusieurs reprises tenté de briguer le poste de chef de l'Etat, avec une motivation : défendre une cause.
• Eric Cantona : défendre les mal-logés (2012)
L'ancien footballeur et comédien Eric Cantona a annoncé lundi 9 janvier sa volonté de rassembler 500 signatures de maires, non pas pour se présenter à la fonction suprême, explique-t-il, mais pour attirer l'attention sur le mal-logement : "Une question essentielle et qui concerne 10 millions de personnes", a-t-il expliqué. Il a envoyé dans cet objectif une lettre aux maires publiée par Libération.
Patrick Doutreligne, le délégué général de Fondation Abbé Pierre, laquelle est à l'origine de l'opération, explique les raisons de cet appel à une figure médiatique. "Il nous fallait un aiguillon comme Eric Cantona pour redonner au logement la place qu'il mérite dans cette campagne." L'ancienne star de Manchester United avait déjà mis son image au profit de l'association, notamment en organisant des tournois de football.
Chance de réussite : Moyenne. En novembre 2010, affalé dans un canapé, un "Canto" tout en charisme et en pull rouge a invité les internautes à retirer leur argent des banques. L'initiative très médiatisée a été au final peu suivie, a noté La Tribune. De nombreux reportages s'étaient fait l'écho du bide de la révolution "Canto", comme TéléToulouse (vidéo ci-dessous). Un potentiel buzz important donc pour l'ex-vedette du ballon rond, mais peu de résultats dans les faits à ce stade.
• Coluche : parler à ceux que personne n'écoute (1981)
Dans la foulée d'une plaisanterie, Coluche annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 1981 le 30 octobre 1980. A l'époque, il vient d'être remercié par la radio RMC et invite une centaine de journalistes pour accréditer son coup médiatique.
"Moi, pour l'instant, ce que j'ai, c'est un cahier de charges. Les 1,5 million de chômeurs, comme les pédés, les nègres, comme tous les parasites, les faiseurs de patins à roulettes, les appelés du contingent et tout ça... sont des gens qui, pour l'instant, sont des gens qui sont rejetés par la société, qui ne valent rien pour les politiques, même pour les mecs de gauche", dénonce-t-il.
Taux de réussite : Plutôt excellent. Dans son numéro du 14 décembre 1980, Le Journal du Dimanche relaie un sondage qui le crédite de 16 % d'intentions de vote. Finalement, l'humoriste se retire en avril 1981, plus amusé du tout par la tournure que prend la campagne.
• Nicolas Hulot : mettre l'écologie au cœur des débats (2007)
Avant de concourir très sérieusement à l'investiture du parti Europe Ecologie-Les Verts pour la présidentielle 2012, Nicolas Hulot a porté, en 2007, une candidature de témoignage. Fort de sa popularité et de son statut d'animateur télé vedette proche de la nature, il a provisoirement placé l'écologie au cœur de la campagne en imposant aux principaux candidats de signer son "pacte écologique."
Taux de réussite : Pas négligeable. En 2007, l'animateur d'Ushuaïa a réussi le tour de force de convaincre les décideurs de signer son pacte écologique et de peser ainsi sur les décisions politiques. Fort de 750 000 signatures, le document a débouché par l'organisation du Grenelle de l'environnement, sous la houlette du ministre de l'Ecologie de l'époque Jean-Louis Borloo. Nicolas Hulot pouvait ainsi renoncer à sa candidature avant l'élection.
Et même s'il échoue face à Eva Joly en 2011, avec 41,34 % des voix à la dernière primaire écolo, Nicolas Hulot, d'abord très décrié, a su imposer son style et ses idées chez une partie non négligeable des militants écologistes.
• Victor Izrael : renforcer le plan cancer (2012)
"Votez la vie", difficile d'être en désaccord. En octobre 2011, le cancérologue Victor Izrael annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. L'objectif de cette figure respectée de la cancérologie en France est simple : inciter le gouvernement à relancer le plan cancer, très largement insuffisant à ses yeux, expliquait alors Le Figaro.
Praticien à l'hôpital Tenon à Paris, vice-président sortant de l'Institut national du cancer, président fondateur de l'Alliance pour la recherche en cancérologie (Aprec), Victor Izrael s'est offert une campagne médiatique très pro, orchestrée par l'agence Euro RSCG 360. Après le buzz autour du "candidat mystère", le médecin a tombé le masque : "Gouverner, c'est d'abord sauver des vies, clame son spot. Pour sauver la planète, commençons par ses habitants."
Chance de réussite : Pas terrible. Après un buzz savamment orchestré, le professeur a laissé retomber le soufflé médiatique. "Malgré la pertinence des thèmes, ne dicte pas l’agenda présidentiel qui veut. La maîtrise de l’agenda est redevenu l’enjeu prioritaire des principaux candidats en lice", analyse Alain Renaudin, président de NewCorp Conseil dans un billet publié sur le site Atlantico.
• Marlène : faire l'amour, bien couverts (1995)
Patrick Sébastien, animateur, tourneur de serviettes et fondateur de l'éphémère "mouvement humaniste" Dard (dont Slate.fr raconte le parcours), s'était déjà intéressé au débat politique. En 1995, il encourage la candidature de Marlène Mourreau, investie par le très sexy Parti de la liberté et de l'amour.
Parmi ses propositions, du léger (institution d'une journée de l'amour) et des vraies questions de société comme la gratuité des préservatifs ou le mariage homosexuel. Le tout, vanté par une comédienne plantureuse.
Taux de réussite : Vraiment pas bon. Achétype de la bimbo, Marlène, avec ses attributs, a sans doute détourné l'attention loin de son discours. Il a fallu attendre 17 ans après ses propositions (décentes) pour que le débat concernant le mariage homosexuel devienne un enjeu sérieux dans une campagne présidentielle.
Marlène a certes fait un come back en sortant l'année dernière sa version de Paris Latino, mais sa carrière d'agitatrice d'idées n'a pas franchement décollé. Concernant son parcours d'élue, la comédienne a expérimenté la démocratie dans une émission de télé-réalité : en 2005, elle a participé à "Première Compagnie, en Guyane", sur TF1, aux côtés d'un autre amateur de politique, le créateur du "Bêbête Show", Jean Roucas.
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